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Critique de brigittelascombe


Sidonie Gabrielle Colette née en 1873 à Saint Sauveur en Puisaye s'est mariée trois fois, est devenue mime tout en continuant à écrire ses souvenirs et romans (Les vrilles de la vigne, La vagabonde, L'envers du music hall...) et a été membre de l'Académie royale de Belgique puis membre de l'Académie Goncourt en 1944.
C'est en 1904, alors qu'elle était mariée avec Henry Gauthier-Villars dit Willy, qu'elle a publié "Dialogue de bêtes" qui est une pièce de théatre , en douze tableaux, mettant en scène Toby chien, un bull bringé et Kiki la doucette un chat des chartreux, et accessoirement Elle (qui a été artiste de music hall et préfère Toby chien) et Lui (qui écrit et aime Kiki la doucette en priorité), les maîtres.
L'intéret de ce livre se passe dans les dialogues du devant de la scène des deux protagonistes qui (c'est le cas de le dire) s'entendent comme chien et chat, mais aussi dans les coulisses qui mettent en exergue les relations du couple et ses secrets.
D'emblée, les caractères des bêtes se dessinent.
Toby, plus primaire, lèche avec dévotion les pieds de sa maîtresse qui telle une déesse, en a fait sa chose, le soumet à son bon vouloir. Il avale sans broncher l'huile de ricin même s'il ne l'aime pas.
Kiki la doucette est hautain, égoïste,manipulateur et roublard, il se positionne aux côtés de l'homme (Lui) et veut dominer les femmes. On ne donne pas d'ordre à Kiki la doucette, on le prie! Nuance! Et ces nuances là, cet énergumène de Toby, ça lui passe complètement au dessus.
Diverses scènes, dans des endroits différents, vues par les regards des deux animaux nous éclairent sur les relations du couple.
Lui écrit tout le temps, mais se préoccuppe d'elle lorsqu'elle est malade.
"Elle, se délecte d'une tristesse et d'une solitude plus savoureuse que le bonheur" commente le chartreux qui capte bien des subtilités de ses antennes de clairvoyant.
Mais, Toby chien lui dame le pion, car devant lui, elle a parlé, s'est confié, a dit tout ce qu'elle avait sur le coeur:
"Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomine. Je veux danser nue si le maillot me gène et humilie ma plastique, je veux me retirer dans une ile, s'il me plait ou fréquenter des dames qui vivent de leurs charmes pourvues qu'elles soient gaies, fantasques voire mélancoliques et sages comme sont beaucoup de filles de joie".
Je veux, je veux, je veux... des mots qui semblent dire qu'elle ne peut pas car on la bride. Et puis l'homme est volage...
Alors Toby chien compatit et pleure à grand bruit.
Elle le gronde pour de vulgaires aboiements et passe sa hargne sur ce "saucisson larmoyeur,ce crapaud à coeur de veau,ce phoque obtus à oeil de langouste". Mais au fond elle l'aime bien son confident!
Voilà tout le talent de Colette, avec sa prose et ses mots imagés, humaniser ces bêtes pour nous donner à voir en double lecture les sentiments compliqués des humains.
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