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Citations sur Dialogues de bêtes (Sept dialogues de bêtes) (40)

Kiki-la-doucette : Mon Dieu, que ce chien est fatiguant ! Qu'est-ce que peut lui faire qu'il y ait un malheur ? d'ailleurs, je n'en crois rien. Ce sont des cris d'homme, et les hommes crient pour le seul plaisir d'entendre leur voix...
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Toby-le-chien : Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui ?
Kiki-la-doucette : Mais... rien.
Toby-le-chien, ironique : Pour changer.
Kiki-la-doucette : Pardon, pour ne pas changer. Quelle est cette rage de changement qui vous possède tous ? Changer, c'est détruire. Il n'y a d'éternel que ce qui ne bouge pas.
Toby-le-chien : Voilà bien trois heures que je suis éternel.
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KIKI-LA-DOUCETTE : Ces... quoi ?

TOBY-CHIEN : Ces tortues-là ; je suis sûr du mot. Quelles tortues ? Elle nous cache tant de choses ! "... Ces tortues-là ! Elles sont deux, trois, quatre, - joli nid de fauvettes ! - pendues à Lui, et qui Lui roucoulent et Lui écrivent : " Mon chéri, tu m'épouseras si Elle meurt, dis ?" Je crois bien ! Il les épouse déjà, l'une après l'autre. Il pourrait choisir. Il préfère collectionner. Il lui faut - car elles en demandent ! - La Femme-du-Monde couperosée qui s'occupe de musique et qui fait des fautes d'orthographe, la vierge mûre qui Lui écrit, d'une main paisible de comptable, les mille z'horreurs ; l'Américaine brune aux cuisses plates ; et toute la séquelle des sacrées petites toquées en cols plats et cheveux courts qui s'en viennent, cils baissés et reins frétillants : "O Monsieur, c'est moi qui suis la vraie Claudine..."
La vraie Claudine ! et la fausse mineure, tu parles !
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KIKI-LA-DOUCETTE : Elle n'aime point l'inconnu, et ne chérit sans trouble que ce lieu ancien, retiré, ce seuil usé par ses pas enfantins, ce parc triste dont son coeur connaît tous les aspects. Tu la crois assise là, près de nous ? Elle est assise en même temps sur la roche tiède, au revers de la combe et aussi sur la branche odorante et basse du pin argenté... Tu crois qu'elle dort ? Elle cueille en ce moment, au potager, la fraise blanche qui sent la fourmi écrasée. Elle respire sous la tonnelle de roses l'odeur orientale et comestible de mille roses vineuses, mûres en un seul jour de soleil. Ainsi immobile et les yeux clos, elle habite chaque pelouse, chaque arbre, chaque fleur, elle se penche à la fois, fantôme bleu comme l'air, à toutes les fenêtres de sa maison chevelue de vigne...
Son esprit court comme un sang subtil le long des veines de toutes les feuilles, se caresse au velours des géraniums, à la cerise vernie, et s'enroule à la couleuvre poudrée de poussière, au creux du sentier jaune...
C'est pourquoi tu la vois si sage et les yeux clos, car ses mains pendantes, qui semblent vides, possèdent et égrènent tout les instants d'or de ce beau jour lent et pur.
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KIKI-LA-DOUCETTE : Je sais - puisque je suis Chat - tout ce qui vient derrière toi, Feu. Je prévois l'hiver, que j'accueille d'une âme inquiète, mais non sans plaisir. En son honneur, ma robe déjà croît et s'embellit. Mes rayures brunes deviennent noires, ma palatine blanche s'enfle en jabot éclatant, et le poil de mon ventre passe en beauté tout ce qui s'est vu jamais.
Que dire de ma queue, évasée en massue, alternativement annelée de fauve, noir, fauve, noir, fauve, noir ? Hors de mes oreilles s'érigent deux aigrettes inestimables, sensibles, et qu'Elle nomme mes boucles d'oreilles...
Quelle chatte me résisterait ? Ah, les nuits de janvier, les sérénades sous la lune glacée, l'attente digne au faîte d'un toit, la rencontre du rival sur l'étroite passerelle d'un mur... mais je me sens plus fort que tous ! J'agiterai ma queue je renverserai mes oreilles sur ma nuque, je halèterai tragiquement par les narines, comme pour vomir - puis ma voix s'élèvera, modulée infiniment, puissante jusqu'à réveiller les Deux-Pattes endormis.
Je vociférerai je larmoierai, j'arpenterai le jardin, gonflé, les coudes en dehors, et simulant la folie pour épouvanter les matous !
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Kiki-La-Doucette- Silencieux, pareils, heureux, nous écouterons tomber le jour.L'odeur du tilleul deviendra sucrée jusqu'à l'écoeurement , à l'heure même où mes yeux de voyant s'agrandiront, noirs, et liront dans l'air des signes mystérieux.
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KIKI-LA-DOUCETTE : (...) Tu crois qu'elle dort ? Elle cueille en ce moment, au potager, la fraise blanche qui sent la fourmi écrasée. Elle respire sous la tonnelle de roses l'odeur orientale et comestible de mille roses vineuses, mûres en un seul jour de soleil. Ainsi immobile et les yeux clos, elle habite chaque pelouse, chaque arbre, chaque fleur, elle se penche à la fois, fantôme bleu comme l'air, à toutes les fenêtres de sa maison chevelue de vignes... Son esprit court comme un sang subtil le long des veines de toutes les feuilles, se caresse au velours des géraniums, à la cerise vernie, et s'enroule à la couleuvre poudrée de poussière, au creux du sentier jaune... C'est pourquoi tu la vois si sage et les yeux clos, car ses mains pendantes, qui semblent vides, possèdent et égrènent tous les instants d'or de ce beau jour lent et pur.
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KIKI-LA-DOUCETTE : Je lui en ai voulu pendant toute une après-midi.
TOBY-CHIEN : Oh ! pour bouder, tu t'en acquittes. Moi, je ne peux jamais. J'oublie les injures.
KIKI-LA-DOUCETTE, pince-sans-rire : Et tu lèches la main qui te frappe. Connu !
TOBY-CHIEN, gobeur : Je lèche la main qui... Oui, c'est tout à fait comme tu dis. C'est une jolie expression.
KIKI-LA-DOUCETTE : Elle n'est pas de moi. La dignité ne t'étouffe pas. Ma parole ! souvent, j'ai honte pour toi. Tu aimes tout le monde, tu accueilles d'un derrière plat toutes les rebuffades, ton cœur est avenant et banal comme un jardin public.
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Sentimentalités :
KIKI-LA-DOUCETTE
Tu ne manques de rien, j'imagine ?
TOBY-CHIEN
De rien ? Je ne sais. Aux moments où je suis le plus heureux, une envie de pleurer me serre les côtes, mes yeux se troublent... Mon cœur m'étouffe. Je voudrais, à ces minutes d'angoisse, être sûr que tout ce qui vit m'aime, qu'il n'y a nulle part dans le monde un chien triste derrière une porte, et qu'il ne viendra jamais rien de mauvais...
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TOBY-CHIEN, incompétent : Ah ?... Dis-moi, les oiseaux, est-ce que ça a le goût du poulet ?

KIKI-LA-DOUCETTE, dont les yeux brillent bleu soudain : Non... C'est mieux... c'est vivant. On sent tout craquer sous les dents, et l'oiseau qui tressaille, et la plume chaude, et la petite cervelle exquise...

TOBY-CHIEN : Oh ! tu me dégoûtes ! Toutes les petites bêtes, quand elles remuent, m'inquiètent, et d'ailleurs les oiseaux sont doux...

KIKI-LA-DOUCETTE, sec : N'en crois rien, ils ne sont doux qu'à manger. Ce sont des êtres bruyants, infatués, stupides, uniquement comestibles...
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