Citations sur Arcadia - Intégrale (9)
- Écoute ça, a-t-elle repris : "Et mon canot laissait sur l'onde qui se trouble des cercles où tremblait la lune, sentier double fondu vite en un seul sillage étincelant..." Pourquoi est-ce qu'il s'intéresse à ça?
- Parce-que c'est un romantique. Ou alors ça vient de la traduction. Mais Wordsworth n'est pas le meilleur, c'est sûr. Il faut que vous lisiez William Blake. Ou même Shelley.
Leurs yeux ne voient pas les couleurs, mais leur esprit y pénètre et se les approprie, s'y mêle en abandon sensible. La transmutation opère. L'espace d'un battement de cœur, les minuscules cristaux qui scintillent sur les rives de la rivière s'éclairent d'une faible lueur, et le cœur des quatre témoins s'arrête de battre.
qu'est-ce qu'un fantôme, sinon la forme obsessionnelle d'un souvenir ?
Je vous prie de noter, fait Gabriel dans l’encadrement de la porte, deux doigts appuyés sur la tempe, je vous prie de noter que nous sommes en train de perdre la raison. p. 64.
Les médias, les entreprises, le sport, les travailleurs, les forces de l’ordre, les services, les hôpitaux, les enseignants, les enseignés, tout ce qui formait l’ossature de la société a disparu. Ce qui nous reste ? Une poignée de survivants incapables de comprendre ce qu’ils font là, incapables de savoir s’ils ont été choisis, sélectionnés, élus par quelque chose ou par quelqu’un, ou si tout n’a été en définitive que le fruit du plus complet hasard.
C'est comme le futur.On a le droit de penser à plus tard mais ça ne sert à rien parce que plus tard,c'est déjà maintenant. Le futur est juste une invention destinée à donner de l'espoir aux gens mais en vrai,ça ne veut rien dire.Il y a avant,et ça c'est le passé, et puis il y a maintenant, et ça, ça ne finit pas: le futur c'est du présent transposé.
Sa voix, dans la nuit, se disperse en échos feutrés.
La main serrée sur la poignée de son épée,l e magicien ferme les yeux lorsque la silhouette de son ami se dissout à travers les brumes du pont-levis. Il respire fort. L'air glacé lui brûle les poumons, la tête lui tourne. Tant de batailles déjà menées, et ce dernier combat, le plus périlleux de tous, celui de son fils Perceval !
Partout, l’impossible trouve à paraître : dans ces places submergées, saturées d’abandon et d’oubli, où l’eau vient s’enrouler en tourbillons de mercure, dans ces musées voués au dieu silence où les toiles s’effacent et coulent le long des murs, dans ces églises noyées de ténèbres où des Christ aux paupières tressautantes s’abîment entre les travées noires où flottent les débris de la croix, dans ces esquifs pour refuges et berceaux où des nouveau-nés regardent les rêves défunts de leurs parents plus morts encore s’inscrire au plafond arabesques troubles, dans ces baignoires trop pâles où le sang de la langueur bouillonne et envahit l’entière et pleine demeure, dans ces livres flottant ouverts où les mots, détachés, frissonnent et permutent pour écrire des histoires d’une impassible cruauté […]
Lethe ! Serpent d’eau sombre à la peau bleutée, gorgé de souvenirs et de rêves, où viennent à la nuit tombée s’abreuver les âmes de Ternemonde… Un soir, elles y restent à jamais. Ce soir-là s’appelle la mort.