Un sapiens contemporain vivant dans un quotidien saturé d'écrans couverts d'icônes remplaçant ou limitant à un cadre les fonctions les plus élémentaires de la vie mentale (calculer, s'orienter, regarder, etc.) est-il plus intelligent qu'un de ses contemporains, pêcheur de son métier, qui connaît la mer et le poisson? Est-il plus intelligent qu'un aborigène qui maîtrise le système de parenté de son ethnie, l'un des plus compliqués du monde? Est-il plus intelligent que ne l'était un chasseur arctique du XIXe siècle qui parvenait à nourrir sa famille grâce à cent savoir-faire, tous d'une technicité dépassant de très loin ce dont est capable le premier bricoleur occidental venu? Non, mais l'échelle de l'intelligence présente à l'esprit des Occidentaux tendra pourtant à placer tout en haut l'employé de bureau à l'aise avec écrans, icônes, SMS et toutes les techniques actuelles de communication virtuelle.
Si un Néandertalien habillé prenait aujourd'hui le métro avec nous, nous ne ressentirions que peu d'étrangeté.
Ainsi, il est bien connu que 90 % des membres de la '' civilisation de la vache '' que sont les habitants originaires de l'Europe tempérée et nordique, digèrent le lactose, le principal sucre du lait de vache, alors que seulement 50 % des Européens méditerranéens (ils font partie de la '' civilisation de la chèvre '') le digèrent et que cette proportion tombe à 10 % chez les Chinois.
Les fouilles révèlent (chez Néandertal) des traces de systèmes culturels complexes et de haut savoir-faire techniques comparables à ceux des sapiens. C'est pourquoi le soupçon que le manque d'"intelligence" de Néandertal expliquerait sont déclin est très probablement spéciocentrique, en d'autres termes, induit par le préjugé inconscient que notre espèce est supérieure à toutes les autres.
Toutes ces armes ont été soigneusement façonnées à partir de troncs d'épicéa ou de pin. La pointe a été taillée dans la base du tronc, de sorte que les plus grands diamètres et le centre de gravité de l'arme se trouvent dans le tiers avant, comme dans les javelots olympiques modernes.
Ces chiffres s'expliquent par le fait que depuis l'arrivée des premiers paysans accompagnés de vaches en Europe, il y a 8000 ans (au Néolithique) la consommation constante de produits laitiers — une pression sélective culturelle — a sélectionné chez les habitants de l'Europe tempérée des gènes assurant la persistance toute la vie de la lactase, l'enzyme rendant possible la digestion du lactose.
Axés sur le partage et la communauté, les néandertaliens ne devaient guère avoir besoin de s'étendre vu leur faible démographie. Survivre leur suffisait. Alors, puisque la poursuite envers et contre tout de la croissance met les héritiers de la fratrie Néandertal et Sapiens que nous sommes au bord de la faillite écologique et démographique, peut-être est-il temps de se retourner vers ceux de nos ancêtres qui ont su survivre sans croître ni détruire pendant des centaines de milliers d'années et s'en inspirer?