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Critique de Baldrico


Le texte fondateur du principal courant de pensée chinois est un petit recueil de sentences et d'anecdotes, d'époques et de provenances variées. Comme pour tous les textes de cette importance, il serait ridicule d'en faire la critique sur le mode j'aime/j'aime pas. Je dirai donc juste ce qui a éveillé en moi un écho dans un texte aussi éloigné dans le temps, l'espace et la culture.
Et je commencerai par ce qui m'a rebuté au premier abord, et d'abord le ritualisme du confucianisme qui tend à maintenir la société dans un ordre ancien, c'est-à-dire une forme de conservatisme. Confucius propose de réguler les conflits par le rite, de rétablir un ordre du monde stable et hiérarchisé. C'est une pensée à visée politique. Il faut dire qu'à son époque, dite "Des printemps et des automnes", les royaumes qui composent la Chine sont en perpétuels conflits, et au sein même de ces royaumes, la lutte pour le pouvoir est la principale préoccupation. On comprend dès lors qu'une pensée politique qui naît dans ce contexte aspire à un peu d'ordre et de paix. Il n'empêche que le refus du changement, la hiérarchie et le conservatisme ne sont pas vraiment les valeurs que je mettrais en premier.
Mais ces tendances de la pensée confucéenne, bien réelles, n'en sont pas le fond. le ritualisme n'en est pas vraiment un si l'on examine ce qui doit inspirer la pratique du rituel. Ce qui apparaît alors comme plus fondamental ce sont des valeurs morales individuelles. Et l'on s'aperçoit que le rituel vise avant tout à trouver la juste attitude envers autrui. Bien sûr, cela concerne les attitudes à tenir entre les différentes couches sociales, mais il s'agit aussi, plus profondément, de relations entre individus. Et à ce niveau là, le confucianisme dépasse les circonstances historiques qui l'ont vu naître pour toucher à quelque chose d'universel.
La valeur centrale est le 'ren', parfois traduit par 'humanité'. Son caractère chinois est composé du signe qui désigne l'homme et de celui du deux. Ainsi, la principale question est ce que nous devons faire quand nous sommes en présence d'un autre humain. Dans toute sa simplicité, je trouve très beau ce retour à l'essentiel. Et l'on voit de nombreuses sentences des Entretiens donner des conseils de bienveillance, de compréhension, de discernement, voire d'indulgence.
Les confucianistes se sont donc engagés dans l'action administrative et politique. En cela, ils ont été critiqués par les taoïstes, qui prônaient plutôt le retrait du monde (et dont je me sens plus proche). Pourtant, confucianistes et taoïstes partagent la notion de 'tao', la voie, qui garantit un ordre du monde. Les confucianistes trouvent cet ordre dans la tradition, les taoïstes plutôt dans le cosmos et la nature. Les valeurs de la pensée chinoise ont circulé d'un courant à l'autre. Alors même dans le confucianisme, qui n'est pas celui qui m'attire le plus spontanément, l'on peut trouver des principes de vie qui ramènent à l'essentiel.
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