Claude est seul .
C'est un enfant.
Il passe sa journée enfermé dans la cave de sa maison en attendant que sa mère rentre de son travail. Elle fait le taxi.
Jusqu'au jour ou Claude découvre, enfoui sous des cartons, un vieux piano de bar, plus petit que la norme, et c'est l'émerveillement.
Chez Claude ,c'est la misère .Tant affective que matérielle. On sent qu'il a su s'adapter à cette mère atypique, brutale, perdue. Mais Claude va se débrouiller, il va trouver le moyen d'acheter une méthode de piano et même de se payer des cours de piano....jusqu'à la gloire.
Ce livre ,c'est comme une autoroute .On est sur d'arriver à bon port . On voit vraiment pas pourquoi il se planterait au milieu. Parfois on a envie d'en prendre une, d'autoroute, c'est confortable, c'est bien aménagé, avec le souci du détail, on y est presque comme chez soi, on y passe un moment agréable et on arrive pas trop fatigué.
Le seul problème, c'est qu'on a rien vu ou lu de pertinent, qui dérange un peu le ron ron. La description qui est faite est fidèle a une certaine image d'Epinal du pianiste et de son Art. L'écrivain parle très bien de la musique, des compositeurs, de la composition, de l'apprentissage du piano. Sauf que là, il ne sagit pas du petit élève de base qui a un bon prof de base et qui ne dépassera pas la première moitié de la première partie de l'apprentissage. Surtout, ne vous comparez pas à Claude si vous apprenez le piano sous peine d'une grave dépression nerveuse à la clé. Je me permets de vous le dire en tant que pianiste et prof de piano venant d'une lignée de pianistes et de pédagogue, restons zen.
Claude est un enfant puis un adulte extrèmement docile, il s'adapte finalement à tout. Donc tout se passe plutôt bien tout au long de son apprentissage. Il ne remet pas en question l'enseignement de ses professeurs, il suit la ligne blanche et il arrive au bout. Normal.
Il y a bien deux ou trois petites crises dont la plus importante qd son premier professeur de piano ,presque un père pour lui , meurt et qu'il se rend compte qu'il ne le connaissait pas du tout ... tiens tiens ....De même,sa vie affective semble plus compliquée mais la aussi, pas d'analyse, juste des faits.
Tout chez lui se passe probablement à l'intérieur et ne sort que par la petite fenêtre de la musique qu'il a reussi à ouvrir enfant. Il est d'une grande maitrise sur lui même comme sur la musique, on ne sent pas dans le personnage bcp d'émotions, il gagne toutes les épreuves, il est à toute endurance, c'est le petit lapin avec la pile Duracell dans le dos. Est ce un parti pris de l'auteur ? Possible.
Mais ....combien de pianiste ont ils voulu jeter leur piano par la fenêtre , Duchable a fait bruler le sien en public ....Combien n'ont plus pu en jouer du jour au lendemain , bloqué du dos, assis devant le monstre. Comment faire pour arréter la musique que j'ai toujours dans la tête ,parce que je vis dans la musique en permanence. Je la travaille la nuit, me récitant mon texte en chantant et en remuant les doigts, ou est le bouton pour eteindre cette radio cannibale ? Et que fairais je sans la musique ?
Ce n'est pas le propos de ce livre qui reste un livre agréable à lire.Il se situe dans les années 40 aux USA et les descriptions de l'époque au niveau politique et social sont très intéressantes.
Ceci dit ,si vous cherchez un peu plus à comprendre ce qu'il se passe dans la tête d'un pianiste je peux vous conseiller deux livres :
Glen Gould Piano Solo par
Michel Schneider ....moi qui n'aime pas Glen Gould j'ai bcp aimé ce livre qui m'a fait comprendre pourquoi je n'aimais pas le jeu de Glen Gould .
Les grands pianistes par Stéphane Villemin qui contient entre autre qqs anecdotes sur les pianistes loin des clichés