Les forces qui nous incitent à prendre telle ou telle décision sont immatérielles. En dépit de leur pouvoir, elles demeurent intangibles, invisibles. Nous savons seulement qu'elles agissent sur nous.
L'espoir – du moins, l'espoir de ne pas perdre espoir – est le seul sentiment qui doit tous nous animer jusqu'à la fin.
- On ne le comble jamais, n'est-ce pas ? demanda-t-il.
- Quoi ?
- Le vide qu'ils laissent. Ceux qui nous sont retirés.
(…)
- Non, répondis-je. On ne le comble jamais.
Il est des moments de pur dénouement où nos plus grandes douleurs réaffirment leurs droits, exigent réparation, explication ou apaisement, de sorte qu'on est soudain le jouet de ces passions échevelées que connaissent les amants, les combattants ou les défenseurs d'une grande cause.
Une étrange lumière intérieure diffusait un éclat légèrement bleuté sur son visage, et sur ce visage, je lus toute une myriade de sentiments : chagrin, douleur, perte, pitié, et à cet instant, le bizarre et le fantastique, les touchers fantomatiques et les évènements insolites, les curieuses coïncidences et les coups du sort inexplicables se pétrifièrent dans mon esprit au point que j’eus la sensation d’être soudain tout au bord d’un étrange précipice face à une insondable infinité de possibles.
- Vengeance tardive n'en est que plus douce [...].
Il se lève comme porté par une colonne d'air chaud. En sortant du bar, il regarde encore l'horloge pour s'assurer qu'il existe une telle chose que le temps. Une fois dans la rue, il tourne la tête vers la gauche où, au bout de Main Street, il aperçoit la petite grotte où Katherine Carr accomplira son destin. Il consulte sa montre. 'est drôle, ce nom qu'on lui donne, songe-t-il : l'heure fatale.
Cette propriété se dressait au sommet d'une colline, ce qui donnait l'impression qu'elle regardait la petite ville d'un air sévère, comme les yeux du Dr Eckleburg, l'ophtalmologiste ruiné dans Gatsby le Magnifique, contemplent symboliquement, depuis le panneau publicitaire, la "vallée des cendres" à la limite de East Egg. Il s'en dégageait un silence troublant: celui d'un dieu passif, indifférent observant à distance nos crimes et nos forfaits, ce grand carambolage généralisé de l'humanité, sans chercher à démêler le pourquoi du comment, le Dieu "propriétaire absent" du déisme, soit indifférent, soit incapable d'intervenir dans le pauvre drame qui se joue sur terre.
Pourquoi n'ajouter foi qu'à ce qu'on voit,
Ne croire qu'à ce qui se dresse devant soi,
Choisir le sombre cloaque du Visible
Au détriment de ce que le cœur désire ?