La guerre est folie. La paix doit l'être aussi. Tu vas monter Antigone à Beyrouth, Georges.
La fille a relevé la tête. Le garçon a ouvert d'autres yeux. L'instant fut magnifique. Deux acteurs se mesuraient. Ni chrétien, ni sunnite, ni Libanais, ni Palestinienne. Deux personnages de théâtre. Antigone et Créon. Elle le narguait. Il la défiait. Elle irait jusqu'à mourir. Il irait jusqu'à la tuer. Il sont restés immobiles une minute, corps penché en avant, tendus l'un vers l'autre, se prenant par les yeux sans un mot.
- L'antinationalisme ? C'est le luxe de l'homme qui a une nation.
Dignité ! Le plus beau mot de la langue française !
Une lutte pour tout est forcément une lutte contre tout et ne peut se terminer tôt ou tard que par un massacre général.
Et puis il a tiré. Deux coups. Un troisième, juste après. Cette fois sans trembler, sans que je sente rien venir. Son corps était raide de guerre. Mes larmes n'y ont rien fait. Ni la beauté d'Aurore, ni la fragilité de Louise, ni mon effroi. Il a tiré sur la ville, sur le souffle du vent. Il a tiré sur les lueurs d'espoir, sur la tristesse des hommes. Il a tiré sur moi, sur nous tous. Il a tiré sur l'or du soir qui tombe, le bouquet de houx vert et les bruyères en fleur.
Personne ne quitte ce monde vivant.
Le quatrième mur, c'est celui qui empêche le comédien de baiser avec le public, cette façade imaginaire que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer l'illusion, cette muraille qui protège le personnage, cette clôture invisible qu'ils brisent parfois d'une réplique en s'adressant à la salle. Pour certain, c'est un remède contre le trac, pour d'autres c'est la frontière du réel.
L'antinationalisme, c'est le luxe de l'homme qui a une nation.
Sam dit que la guerre est une folie… et que la paix doit l’être aussi !