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Citations sur Avicenne et le récit visionnaire (59)

Le symbole n'est pas un signe artificiellement construit; il éclôt spontanément dans l'âme pour annoncer quelque chose qui ne peut pas être exprimé autrement; il est l'unique expression du symbolisé comme d'une réalité qui devient ainsi transparente à l'âme, mais qui en elle-même transcende toute expression. L'allégorie est une figuration plus ou moins artificielle de généralités ou d'abstractions qui sont parfaitement connaissables ou exprimables par d'autres voies.Pénétrer le sens d'un symbole n'équivaut nullement à le rendre superflu ni à l'abolir, car il reste toujours la seule expression du signifié avec lequel il symbolise. On ne peut jamais prétendre l'avoir dépassé une fois pour toutes, à moins précisément de le dégrader en allégorie, d'en fournir des équivalences rationnelles, générales et abstraites.
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Frères de la Vérité ! Dépouillez-vous de votre peau comme se désquame le serpent. Cheminez comme chemine la fourmi, sans que personne n’entende le bruit de ses pas. Soyez comme le scorpion qui porte toujours son arme au bout de sa queue, car c’est par-derrière que le démon cherche à surprendre l’homme. Absorbez du poison, afin de vous maintenir en vie. Aimez la mort, afin de rester des vivants. Soyez toujours en vol ; ne vous choisissez pas de nid déterminé, car c’est au nid que l’on capture tous les oiseaux. Si vous n’avez pas d’ailes, dérobez, procurez-vous des ailes par ruse, s’il le faut, car le meilleur des éclaireurs c’est ce qui a la force de prendre de l’envol. Soyez comme l’autruche qui avale des pierres brûlantes. Soyez comme les vautours qui engloutissent les os les plus durs. Soyez comme la salamandre qui se laisse envelopper par le feu avec aisance et confiance. Soyez comme les chauves-souris qui ne sortent jamais pendant le jour ; oui, la chauve-souris est le meilleur des oiseaux.

Frères de la Vérité ! le plus vaillant c’est celui qui ose affronter son lendemain ; le plus lâche, c’est celui qui reste en retard sur sa propre perfection. (citation d'Avicenne, p. 233)
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"Lorsqu'il arriva jusqu'à moi, il me prit dans ses bras, me donna un baiser entre les deux yeux et me dit: O dormeur! combien de temps dormiras-tu? Lève-toi! Avec sollicitude je te guiderai. Sois rassuré, car je suis Gabriel, ton frère."
Dormir, c'est se contenter des opinions vaines et toutes faites, répétées par tout le monde. S'éveiller (être un "Yaqzân", un Egrêgoros), c'est prendre conscience de tous les univers auxquels on ne peut accéder qu'à l'état de veille (bîdârî) mystique.
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C'est le texte même, tel quel, qu'il faut aborder et lire d'un seul coup; il peut se faire que cette lecture provoque un choc, donne une impression de dépaysement et d'étrangeté, surtout si l'on n'est point encore familier avec le schéma avicennien du monde. Mais précisément l'impression de choc et de dépaysement conviennent éminemment à la situation du pèlerin qui s'aventure vers l'"Orient".
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Le ta'wîl des textes suppose le ta'wîl de l'âme: l'âme ne peut ramener, faire revenir le texte à sa vérité, que si elle revient elle-même à sa vérité (haqîqat), ce qui implique pour elle une sortie hors des évidences imposées, hors du monde des apparences et des métaphores, de l'exil et de l'"Occident".
Réciproquement l'âme prend le départ, accomplit le ta'wîl de son être vrai, en prenant appui sur un texte -texte d'un d'un livre ou texte cosmique- que son effort va conduire à une transmutation, promouvoir au rang d'Evénement réel, mais intérieur et psychique.
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C'est l'épisode final du poème que l'on s'attachera à résumer simplement ici, non seulement parcequ'il achève triomphalement le Cycle de l'Oiseau, mais parce qu'en s'y référant, c'est peut-être à l'aspect le plus caractéristique et à l'expression la plus achevée de la mystique persane que l'on réfère.
Ici donc, les Oiseaux sont partis par milliers; ils ont voyagé des années et des années, franchissant les sommets et les abîmes; c'est presque toute leur vie qu'ils ont consumée dans ce voyage. Mais sur les milliers qu'ils étaient au départ, à écouter l'admonition de la huppe, il ne survit qu'un tout nombre pour arriver au but sublime. Presque tous disparurent, les uns submergés dans l'Océan, les autres cloués sur les hauts sommets; les uns calcinés par les ardeurs solaires, les autres dévorés par les bêtes féroces; d'autres tous simplement épuisés de fatigue dans les déserts. Plus triste encore: d'autres s'entre-tuèrent, ou bien s'arrêtèrent ensemble au même endroit, et là occupés de vanités et de plaisir, périrent après avoir oublié l'objet de leur quête.
Bref, de ces milliers d'Oiseaux qui au départ remplissaient l'univers, il n'en arriva que trente. Encore étaient-ils frappés de stupeur par l'épuisement, le coeur brisé, l'âme prostrée, le corps abîmé. Cependant ils entrevirent la Majesté qu'on ne peut décrire, celle dont l'essence échappe à toute prise de l'intelligence humaine. Comme les oiseaux du Récit d'Avicenne émerveillés par les êtres de lumière peuplant le neuvième Ciel, ils virent réunis des milliers de soleils plus resplendissants les uns que les autres, des milliers de lunes et d'étoiles toutes également belles. Alors comme le pèlerin du Mi'raj-Nâmeh, ils furent ébranlés et troublés; peut-être s'étaient-ils avancés trop loin?
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Il appartient à la psychologie des symboles de vérifier dans quelles conditions se produit cette transparition de l'âme à elle-même, -de l'âme s'apercevant alors elle-même sous la forme d'un être ailé. Le symbolisme de l'aile s'impose spontanément comme un archétype (...). L'Oiseau est encore au rang d'un symbole, d'une Image par laquelle l'âme se médite et se pressent elle-même. Mais la visualisation peut devenir si intense, l'âme devenir elle-même si totalement vision, que le symbole s'efface dans l'éclat de cette transparence: c'est alors sa propre Image, son Soi-même, que l'âme soudain saisit non plus sous une espèce symbolique, mais comme une vision directe et immédiate. Tel est le cas dans un célèbre rêve du récit autobiographique de Gérard de Nerval: "Un être d'une grandeur démesurée -homme ou femme, je ne sais- voltigeait péniblement au-dessus de l'espace, et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d'haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d'une longue robe à plis antiques, il ressemblait à l'ange de la Mélancolie, d'Albrecht Durer."
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"Mon nom est Vivens; mon lignage, filius Vigilantis; quant à ma patrie, c'est la Jérusalem céleste (la "Demeure Sacrosainte" al-Bayt al-Moqaddas). Ma profession est d'être toujours en voyage: faire le tour de l'univers au point d'en connaître toutes les conditions."
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Cette sotériologie, la rencontre du Moi transcendant, à la fois même et autre que moi-même, est comme en synchronisme avec l'éveil de l'âme à sa conscience d'Etrangère. Oeuvres philosophiques, romans spirituels en prose ou poèmes mystiques, fournissent ici d'amples documents pour une phénoménologie de la conscience étrangère. (...)
Quel est le sens de "venir en ce monde" (être jeté au fond de la crypte cosmique)? (...)
"Venir en ce monde", c'est passer du monde de la réalité au sens vrai (haqiqât), au monde qui est sans doute réel pour la conscience commune, mais qui au sens vrai n'est que figure et métaphore (majâz); cette venue au monde veut dire que les réalités au sens vrai sont devenues douteuses et improbables, suspectes et ambigues. "Sortir de ce monde"", accéder au monde vrai, cela signifiera que cette Ténèbre et ces doutes sont enlevés de la conscience qui de l'état de petite enfance (hâl-etifûlîya) passe à l'âge de maturité. Parvenir à cette conscience vraie du Vrai réel, c'est eo ipso devenir étranger au monde de la métaphore, dont la conscience commune se satisfait comme d'un monde vrai. Quitter ce monde, ce n'est point "mourir" comme sont morts ceux dont on dit qu'ils "sont partis", car beaucoup de ceux qui sont ainsi partis, n'ont en fait jamais quitté ce monde. Leur départ aussi est métaphorique, car ce n'est point de cette manière que l'on sort, au sens vrai, de la crypte cosmique. Pour en sortir réellement, il faut être devenu, redevenu plutôt, l'Etranger, c'est-à-dire une âme régénrée dans la Source de Vie, qui a effectué le passage du retour de "Majâz" à "Haqîqat".(...)
L'idée de ce passage nous réfère alors à l'opération mentale la plus caractéristique de tous nos spirituels, néoplatoniciens, Ishrâqîyûn, soufis, théosophes ismaéliens: le ta'wil ou exégèse spirituelle.
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"Une nuit, je dormais dans ma maison. C'était une nuit où il y avait du tonnerre et des éclairs. Aucun être vivant ne se faisait entendre, aucun oiseau ne voyageait. Personne n'était éveillé, tandis que moi je ne dormais pas; je stationnais entre la veille et le sommeil."
C'est l'état initial caractéristique que mentionnent tous les Récits visionnaires; ce que la conscience commune regarde comme le jour et l'état de veille, n'est pour le mystique qu'une nuit et un sommeil dont il s'est enfin éveillé.
"Soudain Gabriel l'Archange descendit sous sa forme propre, d'une telle beauté, d'une telle gloire sacrale, d'une telle majesté, que ma demeure en fut tout illuminée."
Au terme de l'ascension céleste, le mystique rencontrera un Ange suprême, le plus grand des Anges, dont il sera dit, comme déjà dans le prologue, qu'il est l'Esprit-Saint et que son nom est Michael. (...)
Quoi qu'il en puisse être, le récit donne de Gabriel l'Archange une description prestigieuse: il est d'une blancheur plus éclatante que la neige, son visage est d'une glorieuse beauté, les ondes de sa chevelure retombent en longs plis; son front est ceint d'un diadème de lumière sur lequel est écrit "La ilâha illa'llaâh..." (Non Deus nisi Deus); six cent ailes rehaussent sa personne, parsemées de soixante dix-mille grains de chrysolithe rouge.
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