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Critique de aa67


Quand le polar devient la quintessence du roman social (dixit Megan Abbott)

Voilà un auteur qui, faute d'être né dans une famille aisée, s'est tracé son propre chemin et s'est auto-cultivé, auto-formé, auto-instruit. Elevé dans une caravane dans une famille très pauvre, S.A. Cosby, né Shawn A. Cosby, a vécu dans l'ancienne capitale de la Confédération sudiste en Virginie et nous livre ici le fruit d'un parcours méritant. A 50 ans, il sait de quoi il parle, il y a été plongé jusqu'au coup depuis sa naissance. Et ça se sent pour chacun des thèmes qu'il aborde.
Pour l'instant je n'ai lu que ce polar, ce ne serait que le troisième traduit en français ; les deux autres ont atterri directos dans ma PAL. Pourquoi ? Parce qu'il a su attirer mon attention sur cette vieille épine dans le pied des « blancs » : le racisme noir. Ces dernières années, l'islamisme et le djihadisme ont pollué d'autres injustices dont celle du « blanc » ennemi du « noir » ou du « noir" contre le « blanc ». Je me permets de le formuler ainsi puisque Cosby le présente ainsi…pourvu qu'il ne lui arrive pas ce qui est arrivé aux « Dix petits nègres » d'Agatha Christie. Je ne l'espère pas et me dis, qu'au fond, l'auteur a judicieusement résumé l'ambiance de la région en écrivant qu'ils sont « tous soit descendants d'esclaves, soit descendants d'esclavagistes ».

Autant qu'un thriller, ‘'Le Sang des Innocents'' est aussi une étude sociologique, celle du Sud des Etats-Unis. Au travers de la double attaque que subi le personnage principal Titus Crown, à savoir celle d'une grand partie de la population blanche mais aussi celle des noirs qui le considèrent comme un traite, l'auteur rapporte l'atmosphère pesante et persistante aux States. 1 siècle 1/2 après les quatre années de la guerre de Sécession, rien n'aurait donc changé ? A croire que non.

Une fusillade perpétrée devant un lycée par Latrell, un jeune noir immédiatement abattu par la police, va mettre le shérif Crown, ancien agent du FBI, dans une très mauvaise posture. S'agit-il d'un acte de fanatisme terroriste ? D'une nouvelle bavure policière ? Il faudra qu'il dénoue rapidement le vrai du faux.

Le lieu : Charon, petite ville de Virginie qui a pour signification ‘' fondé dans le sang et l'obscurité ‘'. Elle va soudainement devenir un authentique nid de guêpes. On y côtoiera des suprémacistes blancs, des nationalistes chrétiens, des milicien patriotes qui, sans scrupules, vont démonter cette affaire à tel point que Titus Crown va devoir boucler au plus vite son enquête. Ce personnage est une lumière à lui tout seul ; il est beau, complexe, ce qui en fait une personnage rare et intemporel.
S'en suit un polar, dont David Joy dit dans la préface, que dans ce « roman de poids » on ne trouve « pas de sentimentalisme ni de lyrisme malvenu ».

La traduction par Pierre Szczeciner est à signaler comme participant à la réussite de ce polar, tant le texte est fluide et ferait presque penser que Cosby l'a rédigé en français. Il faudra que je pense à lire le ‘' Dictionnaire amoureux de la traduction ''.

La perfection faite du thriller américain ou un futur classique qu'on étudiera un jour en classe en raison de l'excellence du sujet traité à savoir celle de la condition humaine ? Va savoir. Pourquoi pas les deux.
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