Cette semaine, la librairie Point Virgule vous présente deux romans récemment sortis en format poche et qui, chacun à leur façon et à deux périodes historiques très distinctes, mettent en scène des personnages à qui on refuse l'accès au fameux "rêve américain".
- Nos vies en flammes, David Joy, 10/18, 8,90
- Aminata, Lawrence Hill, Folio, 10,20
Parfois on doit faire des choses pour soi, uniquement pour soi. Sinon, on gâche sa vie à attendre les autres.
Les rêves étaient ce qu'il y avait de pire, car c'étaient les moments où l'on ne pouvait pas choisir de s'aventurer ou non dans l'ombre des souvenirs.
Il y avait quelque chose de plaisant de voir la vie revenir, même si c'était une sensation de courte durée. Le truc avec ce monde, c'était qu'on n'avait encore rien trouvé pour le faire ralentir ou s'arrêter de tourner.
Il est des âmes auxquelles même le diable ne veut rien avoir à faire.
L’empathie, ce n’est pas se tenir au-dessus d’un trou en disant qu’on comprend, l’empathie, c’est avoir soi-même été dans ce trou.
Rien ici n'avait changé depuis qu'Aiden McCall était né, et peut-être que c'était pour ça qu'il en était venu à tellement détester cet endroit. Tout était exactement comme avant, ceux qui possédaient possédant, et ceux qui n'avaient rien crevant quasiment de faim. La plupart des habitants n'avaient pas grand-chose à Little Canada, mais c'étaient des gens bien pour qui l'église, le travail et la famille suffisaient à rendre la vie digne d'être vécue. Mais Aiden n'avait jamais rien eu de tout ça. Les années se suivaient et se ressemblaient, encore et encore jusqu'au jour où il mourrait, et peut-être qu'il ne lui restait que ça à attendre. Peut-être que c'était ça le but de cette foutue vie, attendre la mort.
Ils restèrent un long moment assis sans parler, ni l'un ni l'autre n'ayant quoi que ce soit à dire ni même le désir de briser le silence. Parfois la proximité suffisait, et le simple fait d'être proches rendait les sons inutiles.
Aiden avait toujours cru qu'avec le temps le monde s'ouvrirait à lui, que la vie deviendrait plus facile. Mais tandis qu'il approchait de son vingt-cinquième anniversaire, rien ne s'était arrangé. Tout était de plus en plus dur. La vie avait le don de vous vider. Quoi qu'il fasse, il avait l'impression qu'une puissance supérieure en avait après lui, et ce genre de certitude finissait par vous engourdir au bout d'un moment.
La seule chose que Dieu ait jamais réussie, la seule chose qu’il ait faite de façon absolument parfaite, ce sont ces montagnes. Ces arbres. Ces ruisseaux. Ça, il l’a réussi, expliqua Dwayne. Mais ensuite, il a créé l’homme, il a créé un animal si idiot qu’il détruit le cadeau qui lui a été fait, et lui reste assis là et il regarde.
Aiden avait alors cru qu'on pouvait mourir de rire. Il avait cru qu'un enfant pouvait littéralement suffoquer de bonheur.