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Citations sur Noir volcan (61)

Pour vous deux

Je suis entrée par hasard et je t'ai vue.
Si proche de moi.
Et plus proche encore de quelqu'un
qui te frôlait sans cesse, qui te frôlait sans cesse,
- voilà ce que je me répétais -
qui te frôlait sans cesse
comme une pluie d'été.
Il y a quelques années, j'étais à sa place :
je faisais les mêmes gestes pour te prouver
que j'étais capable de douceur. Je suis persuadée
que cet autre, maintenant, pense comme je le pensais,
que son amour pour toi est grand, unique, et fort.
En vous regardant rire dans la fin de journée,
heureux et contents d'être ici, dans les premières
lueurs d'un amour qui durera aussi longtemps que possible,
en vous regardant j'ai été traversée par un morceau de jazz
déchirant.
Je débordais de ces souvenirs qui reviennent
à la charge comme des bêtes affamées,
j'ai été secouée par l'envie de lui dire de bien faire attention à toi,
de le supplier d'être quelqu'un de bien, de solide,
car on oublie trop souvent d'être plus solide que l'amour.
Je suis entrée par hasard et je vous ai vus.
Si confiants et bienheureux dans cette absence de distance
entre vos mains et vos nuques et vos lèvres.
Je suis libre de tout cela
et je vois dans les regards que vous accrochez
l'un à l'autre
la certitude que vous êtes seuls au monde.
Je vous souhaite sincèrement de le rester, de vous enterrer
dans cette pénombre de tendresse et de chaleur
où toi et moi étions enlacées pendant des mois,
pendant des années.
Je suis entré et je vous ai vus.
Ma liberté s'est brisée
en mille morceaux
et j'étais trop occupée à vous regarder pour les ramasser.
Ne t'écorche pas en marchant dessus
lorsque vous rejoindrez ta chambre ou la sienne.
Bien sûr, aucun de vous deux ne sais encore ce qui arrivera,
moi ça m'est arrivé,
et même plusieurs fois.
Votre bonheur d'être ensemble m'a roué de coup ;
je me cache derrière un paquet enveloppé de kraft brun qu'on
me tend,
à l'intérieur un chèque pour tous les moments
que j'ai passé loin de toi
pensant que tu étais assez solide pour ça,
que j'étais assez solide pour ça,
je me cache derrière ce paquet enveloppé de kraft brun,
à l’intérieur mon emploi du temps
pour les six prochains mois.
Je suis entrée par hasard et je vous ai vus. Ce n'est rien.
Soyez heureux. Mais surtout, soyez solides,
plus solides que l'amour.

(P16-18)
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PERDRE
Je n'ai rien perdu. J'ai eu des jours sans argent, des jours sans amour, des jours sans douceur, des jours d'une violence inimaginable, malgré cela je suis certaine de n'avoir rien perdu. Ni la sensation des douleurs profondes, ni celle des joies entières.

Je n'ai rien perdu. J'ai eu des jours sans caresses, des jours sans paroles, des jours sans la bonne santé qui est généralement celle de la jeunesse, des jours où la paupière ne se hisse plus sur le paysage d'une chambre vide. Mon regard était cassé. Pourtant la fenêtre restait ouverte. Les cloches sonnaient et le noir de la vallée m'apaisait. Je n'ai rien perdu.

J'ai eu des jours où tout est fini. Tout.
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Je sais que cela fait mal ...



Je sais que cela fait mal d’avoir des rêves coincés en soi
comme des cales dans une porte.
Je sais que cela fait mal de penser qu’on ne sera plus
jamais amoureux comme avant, parce que tu as pris du ventre et
des idées noires, et tu as peur de ne pas t’en sortir, au lit, et ailleurs.
Je sais que cela fait mal mais crois-moi,
tu y arriveras, de nouveau, à vivre tendrement.
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LE JOUR OÙ TOUT SE BRISE EN TOI



extrait 3

Le jour où tout se brise en toi,
le pire n’est pas la quantité ahurissante de larmes
que tu bois des paupières à la bouche,
ni la migraine qui paralyse le visage et la nuque,
le pire, le jour où tout se brise en toi,
c’est le langage qu’on abandonne pour
des reniflements, le langage qu’on roue de coups
pour qu’il cesse d’aboyer ses mots d’amour
et de respect, le langage qu’on étouffe
dans la pornographie, le langage auquel on croyait tant
qui s’effondre avec le reste.

Le jour où tout se brise en toi
tu t’en veux si fort d’y avoir cru.
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LE MUR



Un cantique de rien du tout
pour cette bicyclette endormie contre un mur
sur lequel, enfant,
tu jouais sans doute à marcher droit,
les bras écartés
comme si le ciel agrippait tes doigts de chaque côté,
et dans le sourire que ta joie et ta concentration
modifiaient à mesure que tu avançais,
tu ne savais pas encore
que tu serais aimée et que tu aimerais
de la plus belle des façons :
en silence
pour protéger ce qui est vrai.
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Je me cache derrière mes poèmes
parce qu’ils sont plus forts
que moi. 
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 Écoute-bien :
je prends tes agacements, tes peines les plus grandes.
Je les accroche en moi comme des manteaux
lourds
afin que tes jours prochains soient éternellement
légers et doux. 
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Je suis arrivée trempée, ce qui ne me gêne pas,
la pluie n’est pas mon ennemie,
je ne lui trouve pas les défauts des grosses chaleurs,
j’aime m’endormir quand elle cogne contre la fenêtre,
j’aime l’odeur de la terre qu’elle a gorgée. 
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Ne t’inquiète pas.
Ce ne sera pas plus douloureux qu’une morsure d’araignée
ou qu’une griffure sur le dos de la main.
Ce n’est pas moi mais ma jeunesse qui s’enfuit.
Je ne t’en veux pas : une bonne fois pour toutes,  
tu dois te pardonner d’avoir réussi ma vie. 
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 tenir tête pour mériter un soir une belle histoire qui dure
plus longtemps que ceux qui la racontent. 
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