Dans son compartiment, Loulette était assise dans le sens de la marche : les chagrins étaient dans son dos.
- Nous n'avons pas ramené la semaine de travail à quarante heures et créé les congés payés seulement pour combattre le chômage : nous voulons que l'homme profite de ses libertés pour se cultiver. Physiquement. Intellectuellement.
A cet instant, dans l'un des jardins ouvriers de Marengo, Lassale, le vieux chauffeur de la briqueterie, posait ses outils dans la cabane de rangement.
Sa femme l'attendait, ses doigts noirs de terre pour avoir désherbé les pieds de tomates.
Il lui dit:
- Demain matin, j'irai encore à la fabrique... pour voir si elle est toujours fermée.
Pour s'en assurer plutôt.
C'était si bizarre cette histoire de congés...
Sa crainte, c'était que, en son absence, un autre rallume les feux.
Que quelqu'un prenne son emploi.
Loulette venait de la ville. Boucles blondes. Jambes fermes. Sous le pull, deux tétons s'efforçant de prouver qu'ils avaient quatorze ans.
Des hommes de progrès qui veulent être ministres, on en trouvera toujours. Nous, on a eu des ministres qui voulaient le progrès des hommes.
L'opinion du ministre était faite : l'appât du gain dégrade le sport comme il dégrade l'art, le théâtre, la création... On doit mettre l'art et le sport à la disposition de tous.