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Citations sur Un homme comme vous : Essai sur l'humanité de la folie (15)

Bonnafé n'a cessé de clamer que l'unique question était celle de la lutte contre les préjugés, les tabous, les comportements aliénants, qu'il s'agit de travailler "avec ardeur et persévérance le changement de regard sur la folie" et que par là, "on modifie très évidemment ses symptômes, sa forme, son destin". Cette conviction plonge ses racines dans les œuvres de ses chers poètes, dans le "Je est un autre" de Rimbaud ; dans cette idée que les hommes sont à la fois tous différents mais également tellement semblables, y compris le fou. Le problème avec la folie, ce n'est pas la différence mais la similitude. Lucien Bonnafé aimait à citer ce vers de son ami Paul Eluard : "Je suis la ressemblance. Tu es la ressemblance".
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Comment, alors que le sujet parle avec les mots de l'autre, dans la structure du langage de l'autre, va-t-il affirmer sa singularité ? Pourquoi ne reste-t-il pas totalement aliéné à l'autre ? Il va se distinguer, dit Lacan, parce qu'il manque toujours chez l'autre le mot qui va définir ce qu'il est réellement, lui, le sujet. "Il n'y a en effet aucune garantie qui, dans l'Autre, dira qui je suis". Cette absence de garantie peut donc conduire à la singularité - s'il n'en allait pas ainsi, il n'y aurait pas de liberté possible - car elle va permettre au sujet de faire sien ce "manque de l'autre", l'incapacité de celui-ci à le définir ; il va donc être obligé de tracer sa propre voie (...). Ce cheminement, pour Lacan, c'est la "subjectivation", c'est-à-dire, la constitution du sujet et de son inconscient. Celui-ci se réalise dans le système langagier, d'où sa célèbre formule, selon laquelle "l'inconscient est structuré comme un langage".
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En 1986 (Bonnafé) écrit "Toute connaissance de l'homme est dès lors infirme qui recule devant les profondeurs de l'inconscient, et mieux connaître les hommes dans cette lumière enrichit singulièrement la capacité de comprendre à quel point le fou est un homme".
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...Lacan appelle la séparation. Elle va s'insérer dans une sorte d'entre-deux entre le sujet et l'autre. "Or c'est là que vient se glisser un manque". Il me dit ça mais qu'Est-ce qu'il veut ? Comme l'explique Lacan, cette interrogation typique dans l'expérience de l'enfant témoigne du fait que celui-ci, interpellé dans le discours de l'adulte, cherche dans les interstices de ce discours, à appréhender ce qui, "tel le furet", fuit dans les dessous, le désir de l'autre". Autrement dit, "parce qu'il lui apparaît sous la forme d'une énigme, le désir de la mère engendre le désir du sujet". "Le désir de l'homme, dit Lacan, c'est le désir de l'Autre", celui-ci entendu comme le lieu des mots, le lieu des signifiants. Ce désir est absolument vital, l'enfant, pour survivre, doit être l'objet du désir de l'autre, en l'occurrence la mère, et cela est spécifique au petit de l'homme puisque celui-ci ne naît pas fini, qu'il se trouve dans un état de dépendance absolu. Jean Oury "Si le désir la mère est uniquement centré sur l'enfant, c'est tragique, il n'y a plus de cheminement possible pour : inceste, régression, le môme est bouffé. A qu'on est bien ! Mais il n'y aura ni aliénation, ni séparation, ni désir, rien'
Ainsi pour parvenir à la séparation, "il faut avoir traversé l'épreuve du désir". Et cette épreuve, selon Lacan, on la traverse en prenant conscience que l'Autre n'existe pas, que cette femme ou cet homme ne peuvent en tenir lieu, qu'ils peuvent désirer ailleurs "mais s'ils désirent ailleurs, pourront-ils être encore le désirant de moi, l'enfant...?". Et c'est là que réside le manque, la béance parce qu'il faut renoncer à être le "désirant absolu", à être l'unique objet du désir de l'autre".
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Le sujet va donc "faire objection" à l'autre, il va lui dire non. Pour être un sujet, poursuit Jean-Pierre Lebrun, il faut dire deux fois oui et une fois non : "une première fois oui : en acceptant d'entrer dans le jeu du langage, d'être aliéné dans les mots de ceux qui nous précèdent. Une fois non : en prenant appui sur le manque dans l'Autre en faisant objection à ce qui vient de l'Autre. Et une seconde fois oui quand le sujet accepte ce qui vient de l'Autre pour le faire sien, et cela de son propre chef, en ayant eu la possibilité de s'en démarquer".
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Il n'est plus question de psycho-, d'organo-, ou de sociogenèse, mais de gènes ou de traceurs biologiques. Il n'est plus question de poésie ouvrant des chemins vers la rencontre, mais de "projet de vie" pour des citoyens qu'il faut responsabiliser. Il n'est plus question de soin, mais de traitement. Il n'est plus question d'humanité de la folie, mais de "troubles" du comportement qu'il faut traiter le plus efficacement. Il n'est plus question de relation mais de réhabilitation. Il n'est même plus question de folie du tout. Le fou n'existe plus, noyé dans l'immense cohorte des citoyens en souffrance dont il faut s'occuper afin de les rendre plus performants, dans une version positive de la santé mentale, source indispensable d'un bonheur préalablement codifié et normalisé. A moins qu'il ne soit dangereux, bien entendu, auquel cas il entre dans la catégorie des populations à risques qu'il faut savoir gérer. La situation du fou est donc, comme toujours, bien dans l'air du temps.
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il existe des formes de raison et des formes de déraison qui agissent l'une sur l'autre, mais dont la nature dépend du moment historique dans lequel elles se situent. Bonnafé élabore ainsi sa réflexion contre cette force caricaturale de la raison qu'est le scientisme, à partir de l'expérience de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle la science a servi de fondement aux pires inhumanités.
(...) C'est pourquoi Bonnafé s'insurge et en appelle au surréalisme pour interroger la raison dominatrice. Pour lui "la poésie s'est historiquement constituée contre la raison (...) elle est donc éminemment subversive et donc réelement maudite'. Elle affirme la réalité d'une connaissance non rationnelle, et elle proclame, comme Rimbaud, Nerval, Breton, Artaud, l'humanité de la folie.
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Dans le langage, il y a donc nécessairement une perte que nous devons accepter et cela constitue la condition de notre survie. (...)Le linguiste Roman Jakobson avait noté que, dans toutes les langues du monde, en langage bébé, papa se dit avec des labiales et maman se dit avec des formes m-m, seules compatibles avec la succion. Maman peut se dire la bouche pleine, "mais pour dire papa, donc évoquer un tiers, pratiquer une différenciation signifiante, il faut qu'il y ait du manque, de l'absence, du vide". Le fait de parler est à ce prix. Le refuser, c'est rendre la parole impossible, et c'est là que nous retrouvons la question de l'aliénation.
(...) Lacan propose alors une troisième fonction, celle de l'aliénation, qui ne se situe plus dans le "ou", mais dans le ni-ni. (...) Ce "ni avec, ni sans " pourrait qualifier la situation du schizophrène, " ni avec les autres, ni seul, dit Jean Oury, nulle part'
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Il n'est plus question de psycho-, d'organo-, ou de sociogenèse, mais de gènes ou de traceurs biologiques. Il n'est plus question de poésie ouvrant des chemins vers la rencontre, mais de "projet de vie" pour des citoyens qu'il faut responsabiliser. Il n'est plus question de soin, mais de traitement. Il n'est plus question d'humanité de la folie, mais de "troubles" du comportement qu'il faut traiter le plus efficacement. Il n'est plus question de relation mais de réhabilitation. Il n'est même plus question de folie du tout. Le fou n'existe plus, noyé dans l'immense cohorte des citoyens en souffrance dont il faut s'occuper afin de les rendre plus performants, dans une version positive de la santé mentale, source indispensable d'un bonheur préalablement codifié et normalisé. A moins qu'il ne soit dangereux, bien entendu, auquel cas il entre dans la catégorie des populations à risques qu'il faut savoir gérer. La situation du fou est donc, comme toujours, bien dans l'air du temps.
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Lacan : Le fou dit quelque chose, mais il le dit dans son langage. Cela change tout, tout notre regard sur la folie, toute notre relation à elle, selon le mot de Lucien Bonnafé nous faisons reculer le "démon". Jacques Lacan y revient : nous avons affaire là à la valeur humaine de la folie et celle-ci n'est pas
" séparable du problème de la signification pour l'être en général, c'est-à-dire du langage pour l'homme".
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