"Adjoa, tu es tellement belle que la moindre pastèque devient une oeuvre d'art sur ta tête."
Pauvre Yao.
Il a juste eu droit à un sourire.
Les garçons ne m'intéressaient pas à l'époque.
Trop lourds à porter.
Dans ma vie, j’ai porté sur la tête des calebasses, des seaux, des jerricans, du maïs, des chagrins, du fioul, une cage avec deux lapins, une cocotte minute, un secret dur à garder, une jambe artificielle, un gros poste de radio rempli de chansons, des bidons, des cuvettes, des fagots, une petite jalousie pointue, du manioc, du mil, de la bière, du riz, la moitié d’un agneau, du café, des haricots, des bananes, une table à repasser, des déceptions, une boite à outils, un sac de clous, des rêves, des espoirs, des amours cachés, du carton, des savons, des épices, du shampoing, des savates, tout ça en serrant les dents vers le haut, comme on m’a appris à le faire.