Citations sur Par-delà nos corps (12)
D’une certaine manière, même si cela n’est pas la plus éclatante, nous avons réussi, vous et moi, à nous rencontrer, à nous aimer par-delà nos corps, la guerre et la mort. Vous êtes une goutte d’eau dans ma vie, et c’est cette goutte-là qui, au fil du temps, a étanché ma soif, ma fièvre et mon tourment. J’ai trouvé en vous une ombre bienfaisante, où le fracas et le silence coexistent en une même région retirée.
La vie n'est rien de plus qu'une onde qui résonne d'un cœur à l'autre. Je suis heureuse que les deux nôtres, un jour, ait vibré à l'unisson.
On dit que vingt ans est le bel âge. Avec le recul, je dirais plutôt que c'est celui de l'inconsistance. Les jeunes femmes ont la grâce des êtres qui avancent dans la brume et les jeunes hommes n'ont qu'une idée en tête: s'évaporer sur les lignes de front et les champs de bataille. Que peut-on envier à de telles créatures ?
Parfois, les jours de grand vent, il me venait aussi d'autres visages; ceux d'hommes que j'avais aimés après vous, après Ronan - voire après Gorki lui-même. Car même depuis mon second mariage, il m'est arrivé, je le confesse, d'être happée par le regard intense, l'attitude altière, voire l'arrogance de très jeunes gens. Et plus j'avance en âge, plus je suis attentive aux beautés précoces. Elles sont souvent le signe d'une vie antérieure plus riche ou d'un lien bien établi avec d'autres mondes - ce qui revient au même, et me fascine.
Mais je suis d’accord avec vous pour dire que l’intensité de nos regards et la main que, bien souvent, je vous ai laissé serrer, ont labouré les tréfonds de nos êtres, comme devaient le faire bientôt les bombes et les obus dans les tranchées creusées aux frontières de la France.
J’avais vécu les dernières semaines de ma grossesse dans un grand apaisement. Je passais mes nuits et mes journées à laisser mes chairs dialoguer avec le futur nouveau-né. Ce mouvement incessant en moi me remplissait de joie et je voulais garder dans mon corps le souvenir d’une vie qu’on sent tout en ne la voyant pas. Évidemment, j’aimais déjà cet enfant et j’avais hâte de le découvrir, mais j’étais un peu triste, aussi, de le voir quitter les rivages lointains où il avait trouvé son origine, pour entrer en notre monde des apparences.
La vie n’est rien de plus qu’une onde qui résonne d’un cœur à l’autre. Je suis heureuse que les deux nôtres, un jour, aient vibré à l’unisson.
Je reste une fille de l’Ocean, et vous prie, ce soir, de m’accepter comme une simple vague - courant, grondant, puis s’évanouissant, ne laissant pas même une trace sur le sable.
La vie n’est rien de plus qu’une onde qui résonne d’un cœur à l’autre. Je suis heureuse que les deux nôtres, un jour, aient vibré à l’unisson.
Vous me l’avez dit à votre façon : l’amour est un récif planté en pleine mer. Aussi inaccessible qu’inattaquable. D’une certaine manière, même si ce n’est pas la plus éclatante, nous avons réussi, vous et moi, à nous rencontrer, à nous aimer par-delà nos corps, la guerre et la mort. Vous êtes une goutte d’eau dans ma vie, et c’est cette goutte-là qui, au fil du temps, a étanché ma soif, ma fièvre et mon tourment. J’ai trouvé en vous une ombre, bienfaisante, où le fracas et le silence coexistent en une même région retirée.
Je sais à présent que le visage après lequel je courais était celui de mes enfants. Et qu’ils portent en eux l’avenir du monde. Puissent-ils avoir des fils et des filles qui, cent ans après eux, soient faits du même bois ancien, toujours renouvelé.
Une nuit d’hiver, accablée, révoltée par ces rêves violents, j’ai demandé à la terre pourquoi elle m’infligeait ces images, et si les femmes devraient mourir, elles aussi, pour payer le crime de quelques hommes d’armée, d’Etat et de banques.