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Critique de CeCedille


Un hôtel d'un bleu incongru se dresse près de la gare d'une petite ville grise du Nebraska, au coeur des États-Unis, en cette fin de XIXème siècle.
Le patron va chercher ses rares clients au train et les accompagne, battus par le vent et le grésil jusqu'au Palace Hotel .Se chauffant près du poêle rougeoyant, les hommes tapent le carton, avec le fils du patron et un vieux fermier.
Des mondes différents se confrontent, dans la manière de claquer les cartes sur la table, dans les exclamations, les borborygmes, les postures. Les manières de la côte Est se frottent à la rusticité des cow-boys. La loi s'accommode du règlement de comptes, à condition que le combat se fasse à la loyale. Mais il y a les manières étranges et étrangères du voyageur aux nerfs à vif : le Suédois. "C'était une vénérable coutume du pays que de qualifier de Suédois tous les hommes aux cheveux blonds et à l'accent trainant... "

Fort Romper (ville imaginaire), avec ses quelques maisons basses et grises, presqu'invisibles dans ce paysage horizontal, croit en son avenir : le Palace Hotel, le train, sont les premiers signes d'une prospérité attendue, aux dimensions de cet espace sans limites. Cependant, dans le huis clos du petit salon surchauffé de l'hôtel où les relations s'exacerbent, un drame va se jouer, mais pas exactement là où le lecteur l'attend.

Tous les ingrédients d'un grand texte dans ce récit dépouillé de Stephen Crane. Dialogues à la Beckett, composition picturale digne de Hopper, ambiance lourde de la salle de jeu, comme filmée par les frères Cohen. Incroyable modernité de ce texte écrit en 1899 ! le lecteur jubile d'avoir découvert ce joyau, d'un auteur inconnu de lui : texte “culte”, à coup sûr !
The red badge of courage” (La Conquête du courage) qui avait été publié peu avant par Crane, avait été un immense succès et avait fait connaître ce jeune prodige au monde entier, avant que la tuberculose ne l'emporte à 29 ans. Sa vie est à elle seule un roman. Fils de pasteurs méthodistes qui s'intéressent plus à la religion qu'à leurs enfants, il court le monde comme correspondant de guerre, malgré une santé fragile. Son épouse mène grand train. Il est couvert de dettes. En Angleterre, où ils se sont installés, ils reçoivent magnifiquement dans un château en ruine. La tuberculose l'emporte à 29 ans, plus jeune que Rimbaud, un peu plus vieux que Radiguet. Il laisse une oeuvre considérable, dont quelques trésors et en particulier celui-ci !
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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