Des deux hommes qui avaient passé la nuit sous les arbres, l'un d'eux se secoua. Il ouvrit le sac de couchage. Se mit sur son séant, pointant le regard sur la nature en éveil. Ses yeux suivirent le cours sinueux de la piste, jusqu'à arriver en bas, sur la nationale qui courait parallèlement à la côte.
Il connaissait chaque mètre de cette route de terre battue. Il pouvait compter mentalement chaque amandier sauvage, chaque laurier rose ou eucalyptus qui en délimitait la voie. Dans sa jeunesse, il l'avait parcourue des centaines de fois, en montée ou en descente.
Avec le début du jour nouveau, la vie se mit à animer les jeunes pins et les sveltes silhouettes des cyprès. La colline dominait le paysage, un décor sauvage qui, sur une distance de deux kilomètres, descendait vers la mer, immobile en cette aube estivale.
Une armée de fourmis rouges commença à arpenter la terre, courant amasser des provisions pour un hiver encore impossible à imaginer. Quelques mouches bourdonnaient.
Un lointain bêlement annonça l'effort du berger en mouvement.