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EAN : 9791022612067
320 pages
Editions Métailié (03/06/2022)
3.8/5   15 notes
Résumé :
Le terme de "Maligredi" désigne l'avidité du loup qui ne se contente pas de tuer la brebis qui rassasierait sa faim mais tue l'ensemble du troupeau. Dans les monts de l'Aspromonte calabrais, Africo est un bourg dont la population turbulente a été déportée sur la côte malsaine et marécageuse par les autorités sous prétexte d'un danger d'éboulement. Niccolino, un adolescent, nous raconte sa vie dans cet endroit marqué par la pauvreté, l'isolement et l'abandon, où même... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il était une fois, dans les montagnes de l'Aspromonte en Calabre, un petit village du nom d'Africo, dont les habitants, jusqu'en 1951, subsistaient grâce à l'élevage de chèvres et de moutons.

Jusqu'en 1951 seulement, parce que cette année-là, des inondations détruisirent le village, et obligèrent les autorités à bâtir dans l'urgence un nouveau village, cette fois sur la côte, pour y reloger les habitants. C'est ainsi que naquit Africo Nuovo, bourgade cependant de si peu d'importance que la plupart des trains ne s'y arrêtent pas mais ne font que ralentir, le temps pour les écoliers de les attraper au vol. Un seul train par jour marque un véritable arrêt à Africo : celui qui emporte les hommes vers le Nord, à Milan ou au-delà des frontières, à la recherche d'un travail qui nourrira leurs familles.

Car la vie à Africo et dans le reste de l'Aspromonte n'a jamais été facile. La misère règne dans cette région reculée et oubliée du pouvoir central. Les hommes sont au loin et, en attendant qu'ils reviennent (quand ils reviennent), les femmes triment comme des acharnées pour remplir les ventres de leurs enfants.

Et pendant ce temps, ces enfants, tels Nicolino et ses amis Antonio et Filippo, font les 400 coups avec les autres gamins du village.

Jusqu'au jour où on leur propose un petit boulot, simple mais suspect, contre une importante somme d'argent. Puis un autre, et encore un autre, de moins en moins simples et de plus en plus suspects, contre de plus en plus d'argent.

Jusqu'à ce que les trois compères manquent de peu de se faire pincer par les carabiniers.

Alors ils quittent les rangs des petits délinquants pour entrer dans ceux d'un révolutionnaire communiste local, qui cherche à donner à Africo et ses habitants une vie meilleure, en affrontant à la fois les autorités, les patrons cupides et la mafia. Autant dire un utopiste, et autant dire que cela ne sera, au final, pas un succès...

L'auteur est né à Africo Nuovo en 1965, et sait de quoi il parle. Cela se ressent dans ses descriptions des traditions religieuses et païennes, de la culture politique locale, de la vie de ces quartiers pauvres mais solidaires, où tout se sait, où tout le monde s'épie et où les rumeurs vont bon train.

A hauteur d'adolescence, Gioacchino Criaco raconte l'histoire de ces gamins attachants et de leurs tentatives plus ou moins concluantes de survivre dans cet endroit déshérité, où la mafia contrôle tout et voit d'un mauvais oeil qu'on vienne marcher sur ses plates-bandes. le côté lyrico-mythique de certains passages ne m'a pas toujours convaincue, mais « La Maligredi », à la fois roman (ou récit) épique et social, dresse un magnifique et âpre portrait de l'Aspromonte, de sa Nature et de ses habitants. Il rend également un hommage touchant aux fières « mères calabraises » et à « ceux qui ont tout risqué pour nous donner un monde meilleur ».

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Voici un roman emplit de soleil,de vent, de garrigue, de pierre, de tragique et de destinée humaine. Gioacchino Criaco connaît bien cette région car il s'agit de la sienne : La Calabre.
L'Italie du Sud pauvre et écrasée de soleil.
Nous sommes à Africo, en bordure de mer et au pied de l'Aspromonte. le bleu de la mer Ionienne répond à la pierre éclatante de lumière. le vent codifié la vie. " le vent ne détruit pas la vie, il la déplace seulement d'un lieu à l'autre ". Et ce vent est zéphyr, libeccio ou bruschiu
Un danger d'éboulement à fait que l'État ( les autorités) à déporté les habitants d'Africo sur la côte malsaine et marécageuse.
C'est un jeune garçon, au début du roman qui va nous raconter son village. Un village abandonné, pauvre où les trains ne s'arrêtent pas. Ils ralentissent juste pour que les collégiens puissent les prendre au vol.
Ce jeune garçon s'appelle Nicolino. Il vit avec sa mère et sa fratrie dans une " rughe": 2 bâtiments dessinant deux fers à cheval carré, sabot contre sabot : seize logements pour seize familles qu'elles soient d'une personne ou de dix - chaque logement avait deux pièces, une petite cuisine et une toilette. ( page 24)
Dans ses rughes il y a peu d'hommes, car ils ont émigrés pour l'Allemagne afin de trouver un emploi.
Ce sont les mères qui gèrent le village.
Nicolino à deux grands copains Antonio et Filippo avec lesquels il fait les 400 coups.
Nous allons suivre l'adolescence et le début de la vie d'adulte de ces trois copains. Une adolescence entre fêtes, rites religieux, solidarité, désagrégation sociale, le tout chapeauté par les mafias qui sont à l'affût.
Gioacchino Criaco implante son roman dans la deuxième partie du 20ème siècle. Des petites touches, des événements permettent de situer les années, mais sans plus.
Là n'est pas l'essentiel.
L'essentiel est dans ce creuset calabrais où la lutte des classes, les mafias régissent la vie de chacun.
Cela sent bon le cinéma italien des années 1970 -1990,le cinéma des Frères Taviani, le cinéma engagé d'Ettore Scola et Luigi Comencini.
La Maligredi est un roman social, une épopée entre mythe et tragédie. Les côtes calabraises bordées de la Mer Ionienne reçoivent toujours les embruns mythologiques grecs.
A la fin de cette lecture il me reste des bruits de trains, des bruits de luttes sociales, des bruits de pistolets mais aussi le bêtement des brebis et le ressac de la mer.
Il me reste les odeurs de fausse sauce, de pâtes aux pommes de terre, de cyste de garrigue et surtout l'odeur du jasmin que ramassait les mammas. Une odeur douce et suave à l'exact opposé de ce travail ingrat que le ramassage du jasmin.
Un livre remarquable .
Il existe toujours des lieux de lutte, de souffrance de tragédie , mais aussi des lieux d'espoirs où le vent soufflent sans se lasser.

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Trois jeunes adolescents grandissent à Africo, au pied des monts de l'Aspromonte.
Ils font volontiers l'école buissonnière, ne sont pas avares de farces douteuses, se mettent parfois dans de sales draps.
En grandissant, entre mafia et révolution, ils cherchent leur place avec le désir omniprésent d'améliorer la vie de leur village, de lui donner une reconnaissance.
C'est un roman qui décrit une région sans espoir mais où portant rayonne l'espérance d'une vie meilleure.
Un auteur amoureux de sa Calabre natale et qui veut lui redonner sa vérité.
Non ce n'est pas qu'une région pauvre où règnent les mafieux.
Il y a des bergers, des travailleurs des familles simples et méritantes et surtout des mères dévouées et des enfants qui les aiment.
Entre les lignes, on voit les paysages, on sent les odeurs, on ressent la solidarité enttre les gens.
Je pense que Gioacchino Criaco a mis beaucoup de lui et de sa jeunesse dans ce livre.
Il rend un superbe hommage à la Calabre, à ses traditions, aux calabrais.
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Ce livre très long( trop long) tient du roman
social, du témoignage. L'auteur né dans cette région isolée de Calabre y est retourné vivre. Il éprouve beaucoup d'empathie pour les habitants . En 1951 la population de l'ancien village situé dans la montagne est déplacée, un éboulement étant à redouter.Les habitants sont regroupés près de la mer dans des habitations précaires , et le village d'Africo nuovo complètement enclavé naît.C'est la Calabre misérable que les hommes quittent pour aller gagner leur vie en Allemagne par exemple, les femmes seules restent dans le village.
Par la voix de Nicolino, le livre déroule la vie dans ce village, les fêtes patronales, la rencontre avec les malandrins car cette population sans argent est facile à entraîner dans les trafics .C'est un aspect intéressant de ce témoignage de montrer comment des garçons vont passer du vol à l'étalage au banditisme. le livre dit comment les affranchis gangrènent un village, une région.
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"C'est la mer le pire, dans les montagnes on mourrait de faim, mais on était en bonne santé. Moi, sur la plage j'y ai jamais mis les pieds, que maudit soit le jour où on s'est laissés emmener du vieux village." (P. 307)
Ils ont tous été contraints de quitter leur village de montagne calabraise menacé de destruction par les eaux et les éboulements. Maintenant, ils sont près de la mer. le village est desservi par la voie ferrée, mais le train ne s'y arrête pas...pour le prendre et le quitter, il faut courir et sauter et profiter de sa vitesse réduite...
Les homme travaillent en Allemagne dans des usines automobile et quant ils rentrent au pays - pas tous les ans - il apportent l'argent qui permet d'effacer les deux années de dettes accumulates auprès de l'épicier ...ces pères qui manquent terriblement aux enfants. D'autres dans la famille on émigré au Canada.
La terre et les vergers appartiennent à des familles riches, les autres se cassent le dos à travailler ou n'hésitent pas à voler ou à profiter de toutes occasions qui leur sont offertes , comme garder des sacs suspects de billets et d'armes..
La mafia calabraise n'est jamais bien loin.
Avant ils vivaient dans des maisons de village, mais pour eux, pour ces réfugiés on a construit les rughe" faites de deux bâtiments dessinant deux fers à cheval carrés pour seize familles, qu'elles soient d'une personne ou de dix - chaque logement avait deux pièces, une petite cuisine et une toilette" ...des villages sans âme. Mais au moins maintenant, on ne se lave plus dans la bassine familiale au milieu de la cuisine.
Les femmes quant à elles cueillent les fleurs de jasmin qui seront transformées par les parfumeries...les cueillent et les comptent afin de ne pas être volées par ces grossistes, qui les achètent. Elles sont courageuses et sont les seules âmes de ces familles. Elles ont fait grève afin de ne plus être transportées comme du bétail dans les fourgons . Depuis elles sont transportées dans les champs de cueillette dans des vrais autocars, sur de vrais sièges...
L'auteur prend plaisir à décrire cette atmosphère, ces traditions locales mêlant religion, politique locale, mafia, ces habitants pauvres mais toujours solidaires...

"Pour comprendre cette montagne, il faut avoir en soi le désir de liberté." (P. 347)
Un peu long toutefois.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je pense que la maligredi et la révolution se ressemblent, risquent d’être éternelles, comme l’espoir qui, par ici, malgré la tragédie infinie, est un vent qui souffle sans se lasser
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Video de Gioacchino Criaco (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gioacchino Criaco
"La Soie et le Fusil" de Gioacchino Criaco - Rencontres à Quais du Polar 2018 .Un Roméo et Juliette à la calabraise?C?est à Quais du Polar 2018, dont lecteurs.com est partenaire, que nous avons rencontré Gioacchino Criaco, l?auteur de la soie et le fusil, un roman qui mêle mythologie, histoire d?amour et thriller contemporain? un dosage juste pour un polar haletant. Pour découvrir l?interview complète : https://www.lecteurs.com/article/joann-sfar-le-nicois-en-colere/2443282Avec La soie et le fusil, l?auteur nous invite dans l?histoire chargée de deux familles - les Dominici et les Therrime - qui s?affrontent violemment depuis la nuit des temps de part et d?autre de la vallée de l?Aspromonte. Une inondation amènera les deux clans à immigrer et à cohabiter sur la côte. Les enfants se côtoient dans les jardins et se défient à cloche-pied? C?est ainsi que Julien Dominici et Agnese Therrime tombent amoureux sous le regard jaloux d?Alberto, le frère jumeau d?Agnese. Après American taste et Les Âmes noires, Gioacchino Criaco construit une épopée où il est de nouveau question de la destinée de ces enfants descendants de ?Ndranghetta, la mafia calabraise. Nous avons rencontré l?auteur à l?occasion des Quais du Polar, pour un retour sans filtre sur ces terres ancestrales qu?il connaît si bien.Visitez le site : http://www.lecteurs.com/ Suivez lecteurs.com sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/orange.lecteurs/ Twitter : https://twitter.com/OrangeLecteurs Instagram : https://www.instagram.com/lecteurs_com/ Youtube : https://www.youtube.com/c/Lecteurs Dailymotion : http://www.dailymotion.com/OrangeLecteurs
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