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Critique de Sycorax


Je trouve toujours embarrassant d'avoir à émettre un jugement négatif sur un livre qui non seulement évolue dans l'un de mes genres de prédilection, mais dont l'épaisseur (un pavé de 900 et quelques pages tout de même !) m'a demandé un investissement temporel conséquent.

J'aurais tant aimé pouvoir ressortir emballé par la lecture de cet imposant roman pour lequel je n'ai vu aucune publicité tapageuse et mercantile, découvert par hasard dans ma médiathèque habituelle et intrigué par la simple lecture de la quatrième de couverture...

Un mélange de récit d'espionnage (les 250 premières pages, ou l'origine de la fin du monde civilisé - partie assez enlevée) et de récit post-apocalyptique, un univers de désolation hanté par des créatures cannibales génétiquement modifiées, tous ces éléments ont de quoi attirer l'amateur de récits fantastiques, mais force est d'admettre que l'auteur ne fait pas preuve d'une grande originalité et les péripéties de ce roman ne surprendront que les lecteurs novices.

Justin Cronin nous pond un bouquin à l'ambition affichée très vaste : le récit embrasse un arc temporel d'une petite centaine d'année entre la première partie du roman - la meilleure à mon sens (l'installation occupe les 250 premières pages) et la seconde partie.
On annonce d'ailleurs au lecteur qu'il s'agit là du premier tome d'une grosse trilogie en cours d'écriture (la mode des sagas à rallonge n'en finit plus de faire recette...).
Ambition aussi non seulement au niveau de la foultitude de personnages mis en jeu (à la psychologie parfois trop poussée - gros défaut du livre qui perd en rythme ce qu'il (croit) gagne(r) en épaisseur psychologique), mais surtout au vu de l'ampleur spatiale concernée : c'est la totalité du territoire Nord-Américain qui est touchée par l'apocalypse décrite ici (pauvres américains : c'est toujours sur eux que ça tombe...).

On a des personnages qui agissent comme ils l'auraient fait s'ils avaient habité un film hollywoodien à grand spectacle ; rien ne nous est épargné de leurs sentiments les uns pour les autres : déchirements familiaux, secrètes idylles, luttes pour le pouvoir au sein de la Communauté réfugiée derrière de hautes murailles. Ces derniers ne reculent d'ailleurs pas devant le sacrifice de leurs propres existences pour sauvegarder ce qu'il reste de civilisation (syndrome "Bruce Willis").

On a Amy, cette petite fille aux pouvoir psychiques mystérieux qui ne craint pas les "dracs", ces créatures vampiresques qui ont décimé la race humaine et arrive au secours de ce qu'il reste d'Humanité.
Ce personnage m'a furieusement rappelé les nombreuses jeunes héroïnes qui parsèment les romans de Stephen King, notamment dans le lien cérébral qu'elle entretient avec les "dracs" (lien très similaire à celui qui relie entre eux les fous furieux décrits dans le roman "Cellulaire" du même S. King).
Amy permet à l'auteur de conférer à son récit une portée symbolique très forte : personnage christique ambigu (en tous cas dans ce premier tome).

Pour résumer : une Humanité décimée par des créatures créées en laboratoire, quelques survivants qui voient débarquer une sorte de sauveur qui va les aider à se sortir de ce mauvais pas... Vous l'aurez compris, on est en pleine relecture du Déluge (le rapprochement avec cet épisode biblique est d'ailleurs fait explicitement vers la fin du roman, par l'un des personnages lui-même).

Grosses ambitions dramatiques à la symbolique biblique pataude pour grosse apocalypse déclinée dans une grosse trilogie : sauf qu'ici, "gros" n'est malheureusement pas synonyme de "mieux"...

Pour celles et ceux que les récits post-apocalyptiques passionnent - qu'ils soient déclinés au cinéma, à la BD et dans la littérature - ce roman n'apporte rien de nouveau et ne surprend guère...

Si vous avez lu la BD "Walking dead" (désormais déclinée en série télévisé), "Le fléau" (voire "Cellulaire") de S. King, si vous avez vu des films tels que : "Je suis une légende" (la boursouflure christique avec Will Smith), "Resident evil : Extinction" (gros naveton indigeste ; le personnage d'Alice dans ce roman m'a d'ailleurs furieusement fait penser au personnage d'Alice de la série "Resident evil" au cinéma : je vous fiche mon billet que si la trilogie littéraire de Cronin est un jour adaptée au cinéma, c'est Milla - "miss tatanes" - Jovovitch qui rempilera !...), eh bien le roman de Justin Cronin vous donnera l'impression de participer à un quizz façon "Où est Charlie ? / Cherchez la référence" !

Ultime coup commercial de la part de ce petit malin de Cronin : le roman se conclut sur le mode "A suivre...", alors que la traduction du second tome ne surviendra pas en France avant fin 2012, au mieux (d'après certaines sources).
Autant dire que si vous n'êtes pas nantis d'une mémoire phénoménale ou si vous n'avez pas pris de notes au cours de la lecture du premier tome, vous êtes bons pour vous retaper cette lecture avant d'attaquer le second tome lorsqu'il sortira !

Un bon conseil : attendez que la trilogie sorte dans son intégralité, voire en édition de poche, cela vous permettra de tout lire d'une seule traite.
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