Le véritable courage implique de connaître la peur - et pour connaître la peur, on doit posséder une chose qu'on refuse de perdre
Prière d'aimer qui vous voulez !
-Je meurs, gémit Arthur depuis le sol.
Gwen ricana.
-Pas encore. Mais si je te tue maintenant, je pourrais dire que tu t'es étouffé dans ton vomi. Personne ne me soupçonnera.
-Vas-y. Je n'en peux plus. Je suis fini. Et j'ai bu...j'ai bu tout le vin.
-Du royaume? s'enquit la princesse pendant qu'il se retournait sur le dos tel un scarabée en fin de vie.
Quelqu'un entra en trombe, chargé d'une deuxième armure qui atterrit bruyamment sur la table. Gwen mit un moment à la reconnaître. Elle était en or pâle, avec un plastron gravé du blason royal.
-Non ! S'exclama-t-elle en se tournant vers son frère. Non, pas toi !
Les deux filles pensaient probablement être discrètes mais, malgré la distance, la tension entre elles était palpable. Elles auraient aussi bien pu brandir une banderole annonçant : "Oyez, oyez, braves gens, échange de baisers il y a eut entre cette fougueuse chevaleresse et cette damoiselle"
-Ton frère n'est pas...
-Non. Il ne viendra pas. Pourquoi, qu'est-ce que tu lui veux ?
Arthur se sentit rougir jusqu'aux oreilles.
-Oh, c'est juste que... Je voulais lui parler de... De mon futur rôle de seigneur, de l'intendance du domaine, tout ça. Je n'y connais pas...
-Pitié, arrête, tu te fais du mal. On dirait que Merlin (le chat du château) s'est glissé dans ton haut-de-chausse et a planté ses griffes dans tes bijoux de famille.
-Il s'appelle Lucifer, la corrigea Arthur d'une petite voix.
-Art. Je sais.
-Alors pourquoi tu l'as appelé Merlin ?
-Mais non, imbécile, soupira la princesse en levant les yeux aux ciels. Je sais pour toi et Gabriel.
- Où ça ? Attends... On dirait que tu portes deux chapeaux.
C'était le cas. Il retira le premier et la salua bien bas.
- Mais pourquoi ? s'étonna-t-elle.
- On me surnomme Arthur aux Deux Chapeaux.
- C'est faux.
- Tu as raison. Le deuxième est pour toi
(Chapitre 21, page 304)
Tu sais, les gens ne sont pas toujours prêts à découvrir la vérité au moment qui nous arrange.
Gwen ne pensait plus à Gabriel ni au maître d'armes qui les observait depuis l'autre bout de la cour. Elle s'abandonnait au plaisir de sentir des muscles dont elle ignorait jusque-là l'existence, savourait la chaleur qui envahissait son ventre chaque fois que Bridget souriait ou la complimentait. Quand celle-ci s'approchait pour contrer ses faibles attaques, les yeux brillants de satisfaction, ou s'arrêtait pour corriger sa position de ses mains rêches et fermes, elle était incapable de penser à quoi que ce soit d'autre.
Personne ne se souciera jamais autant que toi de ce que tu désires. Alors c'est à toi de voir : soit tu enfouis tes aspirations pour toujours - si toutefois tu parviens à le supporter. Soit tu enfiles tes habits de grande fille et tu revendiques davantage de liberté.