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Critique de kielosa


Lorsque votre épouse s'appelle Tatyana et que l'on a de très bons souvenirs de 'Parc Gorkl' et de quelques autres ouvrages de Martin Cruz Smith, est-ce qu'en tant que babélien convaincu, il vous reste encore un réel choix de oui ou non produire une critique de l'ouvrage dont le titre original est 'Tatiana' ?

Écrire une critique sur un ouvrage de cet auteur n'est pas exactement une punition, dans la mesure qu'il ne m'a jamais déçu. Même son 'Blues pour un Tsigane' et 'Requiem pour un Tsigane' valent la peine d'être lus. L'intérêt montré pour les tsiganes est assurément lié à son ascendence amérindienne du côté de sa mère, ce qui expliquerait aussi pourquoi il a changé son deuxième nom, William, en Cruz (croix). Nom favori des très catholiques conquistadores espagnols.

Mais l'invention de son inspecteur Arkady Renko lui a garanti un succès mondial. Comme l'inspecteur Kurt Wallander du suédois Henning Mankell, Arkady est un taciturne, parfois compliqué policier, honnête bien sûr, mais surtout, à sa façon, sympathique et attachant.
L'incarnation de cet inspecteur par un sublime William Hurt dans le film Parc Gorkl de 1983, à peine deux ans après la publication du livre, à grandement contribué à la popularité de cet inspecteur et de son inventeur.

Martin Cruz Smith, américain de Pennsylvanie, a fait découvrir en Occident une Russie insoupçonnée et, à plus forte raison, inconnue. Pas la Russie des tsars, de Lenine-Staline, des vieux occupants du Kremlin, mais celle de la corruption invraisemblable et des bonne ententes entre politiciens, hauts fonctionnaires et gangsters de tout plumage, allant des oligarchs, qui se sont partagés les richesses du pays, aux plus primitifs criminels de base. Ce n'est que bien plus tard que de sérieux ouvrages, comme notamment celui de David Emmanuel Hoffman : 'The Oligarchs' de 2002, ont été publiés.

Dans ses policiers l'auteur fait déambuler plein de personnages peu appétissants, qu'heureusement on ne voit pas trop dans nos contrées. Non pas qu'ils seraient le fruit de son imagination pour autant, je dirais plutôt le contraire : la réalité dépasse la fiction. Dans ce roman apparaît par exemple un pope qui porte une rolex pur or. le pauvre pope est loin de la splendeur de la montre, que portait, il y a deux ans, le porte-parole de Poutine, un petit rigolo nommé Dmitri Peskov, estimé à 600.000 euros. Interrogé sur l'origine de cette montre, la réponse était l'évidence même : un petit cadeau de son épouse. Fin de l'enquête ! Il est vrai que son épouse depuis 2 ans est l'ex patineuse, Tatiana Navka. Qui avait été accusée, elle, de mauvais goût pour son show sur glace, habillée en costume de camp de concentration nazi avec une étoile jaune à la hauteur du coeur et arborant un large smile comme si Auschwitz était une partie de plaisir. Mais ces 2 là s'aiment et pour célébrer cela cet honorable Peskov a loué le super yacht, le Faucon Maltais, pour leur lune de miel de 2 semaines, prix de location : 385.000 dollars...par semaine ! Sur Wikipedia vous pouvez aller vérifier ces sommes avec son salaire officiellement déclaré.
Pas étonnant que la Russie avec l'Ukraine occupe la première place en Europe des pays les plus corrompus selon 'Transparency International'.

Il suffit d'ailleurs d'aller à Marbella ou Monaco pour voir des ploucs parfaits, souvent tatoués (souvenir d'un passage plus au moins long en prison) en costume noir, mais la chemise ouverte jusqu'au nombril, accompagné d'une voilée de garde de corps et de filles 'légère et courte vêtue'.
Ce qui est regrettable c'est que ces gangsters, tout comme ces oligarchs qui achètent des clubs de football avec de l'argent d'origine douteuse (et sont considérés par certains comme des bienfaiteurs) donnent une image abjecte d'un pays, où pourtant une large majorité de la population montre par sa culture, que Dostoïevski, Pouchkine, Gogol, Solzhenytsine etc.... étaient russes.

Martin Cruz Smith nous offre son inspecteur Arkady Renko pour faire le contrepoids dans un régime touffu de pommes pourries à presque tous les échelons du système Poutine. Son histoire est captivante du début, la défenestration de la journaliste critique Tatiana, (inspirée par Anna Politkovskaïa assassinée en octobre 2006 à Moscou et qui n'était sûrement pas une fan de l'actuel tsar ?) jusqu'à la fin.
Et rassurez-vous l'auteur ne souffle pas un mot de la montre de Renko, qui doit être affreusement banale.
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