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Critique de Meygisan


Comme toujours de la part de Nicolas Jarry, la famille est au coeur des récits qu'il propose et ce tome de Mages n'échappe pas à la règle.
Ici les valeurs autour de la famille et de la filiation tiennent une place à plusieurs niveaux, à la fois comme socle au contexte proposé et comme moteur, enjeu dramatique.
Le contenu de l'histoire n'est pas inconnue, il a déjà été traité, il s'agit ni plus ni moins qu'une quête initiatique, celle d'une jeune alchimiste, un peu gâté, tête brûlée et pas bon à grand chose, qui va devoir apprendre les rudesses de la vie, et ce à l'aide de grands coups de pompes dans le derrière.
Le contexte familial permet à la fois d"étoffer l'environnement et le personnage lui même. Nicolas Jarry a choisi d'en faire le bâtard issu d'une famille pour laquelle la filiation, et donc la réussite, et donc l'honneur de celle ci est au centre même de son importance. L'enjeu est d'autant plus grand que cette famille semble un peu à la ramasse au regard des autres. Entre en jeu alors l'aspect mythologique dont je parlerai plus loin. Voilà pour l'environnement.
Le personnage, maintenant est donc l'indésiré, le dernier espoir indigne de la noble lignée dont il est issu, et sur lequel pourtant va reposer la vie de toute la région. La recherche d'identité, de sa place au sein de cette famille qui n'est pas réellement la sienne mais dont c'est la seule, la reconnaissance du père et de ses pairs sont au coeur des préoccupations de Soliman ( patronyme sur lequel je reviendrai) et permettent d'étoffer le personnage, de lui donner une consistance certaine.
De plus, comme c'était déjà le cas dans le tome 4 de la série, les auteurs ont la bonne idée de développer et d'enrichir de manière assez originale le symbolisme ainsi que la caractérisation de ce que l'on connaît habituellement de la figure de l'alchimiste. Ce qui enrichit encore plus le personnage de Soliman tout en apportant des développement intéressants de la mythologie naissante de cette série, mais aussi de toute cette région des Terres d'Arran jusqu'ici peu développée et utilisée que dans certains tomes ( mages et Orcs et Gobelins). La voie qu'empruntent les auteurs autour de l'alchimie s'inscrit parfaitement dans la logique et la continuité initiées dans le tome 4.
Soliman est enfin une variante de Souleymane, prénom d'origine arabe, équivalent hébreu de Salomon, le roi Salomon. Ce n'est pas un hasard si Jarry a choisi ce patronyme pour son perso principal ( "celui qui apporte la paix"), et l'on remarquera tout au long du récit à quel point il s'attache à développer cet aspect là de sa personnalité, les événements le poussant à adopter la voie qu'il est destiné à emprunter.
Autre point qui m'a semblé important, et qui peut paraître secondaire, puisque traité de deux manières différentes et plutôt en arrière plan, c'est biensûr comme je le précisai au début, l'aspect initiatique de cette quête de soi. Elle passe bien entendu par la dimension filiale, présente à travers les personnage de son "père" et de son frère à qui il voue un amour et un respect sans bornes. Elle passe également par sa relation avec deux personnages qui ont une importance dans sa vie et sa construction et son évolution vers l'âge adulte, Iixos le barbare au premier abord rustre et violent, qui apparaît beaucoup plus fin et réfléchi qu'il ne le laisse présager et Alma, un amour de jeunesse qui pourrait bien devenir plus que cela, si les auteurs le veulent ainsi... Si le premier incarne l'amitié, le respect, la fratrie, le second incarne bien sûr l'amour et la responsabilité. Ces deux là sont tout aussi importants à mes yeux, sinon plus que son père et son frère, dans le sens où ils sont encore en vie. Chacun a sa manière apporte ce qu'il faut d'assurance et de confiance à Soliman pour réaliser ce qu'il doit réaliser.
L'histoire de ce tome revêt une résonance toute particulière à qui voudra bien la replacer dans le contexte que nous connaissons depuis presque deux ans maintenant, les événements, décisions menant à un clivage de notre société, clivage qui se retrouve malheureusement au sein des familles... Comprendra qui voudra...
C'est donc avec un certain émoi que je remercie Nicolas Jarry d'avoir produit ce tome à un moment où certaines personnes auraient bien besoin du message qu'il véhicule...
Chacun(e) trouvera ce qu'elle (il) veut bien y trouver, et c'est là toute la magie de l'écriture de Jarry.
Et Nicolas, si tu me lis, j'apprécierais beaucoup de revoir Soliman dans des suites aventureuses délicieusement concoctées par tes bons soins....
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