Las Casas était opposé aux conversions de masse ; il estimait que chaque aspirant au baptême devait recevoir un enseignement approprié pour être en mesure de décider en son âme et conscience. Sinon, à quoi bon évangéliser ?
En 1537, cela faisait pas mal d'années que le monde de cet homme présentait des signes alarmants. Entre 750 et 900, il y avait eu de terribles inondations, des conflits sanglants entre les cités, des épidémies. Et pour couronner le tout, voilà que les Espagnols débarquent. L'équivalent d'une invasion de Martiens. Ces guerriers portaient des armes que nul ne savait combattre ni fabriquer. Ils venaient pour anéantir le peu qui subsistait de leur civilisation, assassiner ou asservir tous les Mayas.
Qu’il soit mort hier ou 900 ans après J.-C., le problème est le même. Il est mort, point barre. Il ne risque plus rien, contrairement à un patient ayant besoin d’une greffe. On peut essayer de le protéger en attendant mais, à part ça, je ne vois pas.
— Nous ? Des sauvages ?
— Parfaitement, des sauvages. C’est le nom qu’on donne à ceux qui détruisent les œuvres d’art, brûlent les livres, assassinent les êtres qui leur sont étrangers et réduisent leur progéniture en esclavage. »
Ces livres n’ont rien de diabolique. Ils sont la somme des connaissances accumulées par les peuples indigènes au cours des siècles. Grâce à eux, nous pourrons savoir qui sont leurs ancêtres, leurs voisins, leur philosophie, leur langage, leur cosmologie. Ce territoire fut le leur de toute éternité ; les futures générations profiteront de l’enseignement qu’ils ont patiemment consigné par écrit.