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Critique de Haulle


Ce dernier livre de Boris Cyrulnik décrypte les processus psychologiques et cérébraux d'une part, mais aussi familiaux et sociétaux d'autre part, qui depuis le plus jeune âge peuvent créer des situations d'insécurités et de souffrances conduisant certaines personnes à s'emparer et adhérer à des récits déviants jusqu'à donner le pouvoir de leur pensée à des manipulateurs ou des dictateurs.
Ce livre écrit peu avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, dépeint incidemment très clairement comment celle-ci a pu survenir et comment tout un peuple semble suivre une pensée unique et totalitaire, pourtant irrationnelle vue de l'extérieur.
Boris Cyrulnik a consacré sa vie à comprendre ce qui lui était arrivé enfant, lui qui ne comprenait pourquoi tant d'hommes voulaient le tuer à 7 ans, sous l'occupation nazie, pourquoi d'autres ont cherché à le protéger, et pourquoi il ne fût pas cru lorsqu'il se mit à parler des années après la guerre.
Ce livre apporte des clés pour comprendre un peu plus, mais en aucun cas pardonner ou justifier, les mécanismes qui conduisent aux folies meurtrières et barbares. Il rappelle notamment qu'un tyran, un tortionnaire ou un administratif zélé des camps de la mort, peut tout aussi bien passer ses journées à tuer et être un adorable parent le soir avec ses propres enfants.
La violence extrémiste n'est pas l'apanage de fous ou des psychopathes, ceux-là sont minoritaires, mais d'hommes ordinaires : « Dans la population des persécuteurs, on trouve de grands intellectuels, des psychopathes, des délinquants et un grand nombre d'hommes ordinaires ». (p233).
On (re)découvre, car les sociétés modernes l'oublient, que le conformisme, le prêt à penser, « la pensée paresseuse ne procure que des amis qui disent tous la même chose, ce qui empêche la vérité, forcément nuancée ». (p221).
Enfin il n'y pas de mal ou de bien, il n'y a pas de fatalité, donc pas de méchants et de gentils, il y a surtout des enfants dont les premières semaines et premiers mois leur imprègnent des manques fondamentaux, d'affections, de sécurité et d'ouverture au monde, qui font que lorsque ces derniers rencontrent un contexte socio-politique déviant et extrémiste, cela les conduit parfois à adhérer à ces récits victimaires, d'êtres persécutés, justifiant alors ces bascules vers la violence.
Il s'agit d'un livre d'une lecture aisée et agréable, très pédagogique et surtout salutaire, par les temps qui courent.
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