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Critique de GURB


Si Boris Cyrulnik a obtenu le Prix Renaudot de l'essai en 2008, il n'a certainement pas eu le Prix de la dissertation française au Concours Général dans sa jeunesse. C'est le moins que l'on puisse dire en lisant son livre... et comme tout se joue durant l'enfance…
Bref, je rejoins totalement Merlin 62 qui dit : « Comment peut-on publier un texte aussi confus, aussi brouillon ? L'auteur se répète à longueur de texte, le contenu des chapitres ne correspond pas à leur titre, il n'y a strictement aucun fil conducteur. Sans compter que le style laisse trop souvent à désirer, conduisant à des ambiguïtés déplorables. »
Je vais simplement illustrer ce propos par deux exemples précis.
● B. C. est né fin juillet 1937 et il écrit p.86 : « J'entrai à l'école primaire en 1938, quatre ans plus tard le service obligatoire dans les Jeunesses hitlériennes m'attendait. ». Soit il était sacrément précoce et a mangé du vent très tôt, soit il ne s'est pas relu. A vous de juger.
● Absence de fil conducteur. Il passe du coq à l'âne sans la moindre transition. Voyez plutôt :
Il termine p.42 un chapitre sur un point de l'idéologie nazie : l'élimination des êtres humains « de mauvaise qualité ».
Au début de chapitre suivant Affronter il fait la biographie de Alfred Adler en concluant que son enfance l'a rendu sensible à l'infériorité physique. Il poursuit en parlant de l'inceste et du témoignage difficile des victimes qu'il met en rapport avec la mémoire de la Shoah. Il fait allusion ensuite à un dîner en ville chez Gonzague Saint-Bris où il refuse de raconter ses malheurs car « le contexte était plaisant, les plats délicieux, les femmes apprêtées et les hommes s'appliquaient à dire des choses intéressantes. » Ces dames apprécieront ! Vous avouerez que la cohérence entre ces 4 sujets, sur seulement 5 pages, ne coule pas de source et que le « laboureur » que je suis, avec son bon sens terrien, a quelque mal à suivre son récit foisonnant.
● Je pourrais multiplier les exemples, mais à quoi bon.
● Dans ce livre tout est à l'avenant : alternent propos décousus, banalités, contradictions, répétitions, références incessantes et invérifiables - simple renvoi à l'ouvrage auquel il se réfère - comme si l'auteur ne pouvait être un bon « laboureur » qu'en éprouvant le besoin de s'appuyer sans cesse sur la pensée des autres.

A voir tous les commentaires élogieux, cette critique dissonante qui ne concerne que la forme -et que moi - , ne doit pas vous empêcher de lire cet essai d'une très (trop) grande richesse et qui nous éclaire - entre autres - sur les mécanismes de la pensée totalitaire qui a conduit le monde au désastre et qui sont les mêmes aujourd'hui qu'hier et inspirent les discours racistes, identitaires et totalitaires que nous entendons. « Les mangeurs de vent » ont malheureusement, de beaux jours devant eux.

Il n'en reste pas moins que, pour moi, écouter Boris Cyrulnik parler est passionnant car il me fait sentir intelligent, le lire plus fastidieux car je me sens incapable de suivre le fil de son discours.
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