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Critique de SMadJ


Un livre-somme, un livre dense mais un livre passionnant.

Petite précision : cette chronique s'appuiera aussi sur les informations récoltées lors de la rencontre avec DOA organisée par l'excellent site Babelio le 5/05/15.

Difficile d'accès au début, presque hermétique, ce n'est pas du fast ou de l'easy reading, il faudra une bonne dose de concentration pour se plonger dedans et s'enivrer de sa richesse. Car ce bouquin est assez phénoménal. Une réussite tant il nous embarque dans son univers âpre.
Même si l'auteur s'en défend, on ressent l'influence d'un Ellroy (trilogie America Underworld) voire d'un Dantec (période Babylon Babies) si on tire la ligne. Lui parle plus volontiers de "Guerre et Paix" de Tolstoï et de Dominique Manotti pour ses références.

Ce livre est une merveille. Riche de mots et d'actions. Pas seulement un livre sur la guerre ou de géopolitique. Plutôt un livre sur l'espèce humaine. Ses démons, ses doutes, ses tourments. Son besoin d'amour. Sa difficulté à trouver paix et sérénité. Quand l'argent et la course au pouvoir ruinent tout sur leur passage. Rien de nouveau bien sûr. Mais quand c'est aussi brillamment expliqué, quand on sent une telle acuité sur le sujet, quand les lignes qui se déroulent alimentent votre imaginaire et votre conscience, on ne peut que plébisciter ce formidable travail de recherche, cette investigation aux limites du journalisme. Et ce réel talent d'écriture.
D'ailleurs on retiendra les atermoiements de l'un des personnages, journaliste de terrain par rapport à l'inutilité de sa mission : à quoi sert-il de rapporter les pires atrocités commises dans le monde puisque personne, citoyen comme politique, ne se soucie de les changer ?

Même si ce livre se déroule principalement en Afghanistan, les conséquences sont worldwide, on suit l'action de personnages secondaires et les répercutions internationales qui en découlent. Car la guerre est un business et le business est bon. Édifiant.

DOA saute d'un personnage à l'autre comme une fuite en avant dans une nuit gorgée de brouillard.
En multipliant les points de vue, l'auteur nous permet d'avoir une vision, un regard, une opinion acérés. Une vraie claque salvatrice au manichéisme.

Les personnages sont nombreux mais fouillés. L'auteur leur a donné corps et vie et beaucoup d'épaisseur. Il n'y a ni bon ni mauvais. Il y a des survivants...

"La guerre est mère de toutes les commémorations mais c'est une mauvaise mère, elle ne respecte rien, ni les grandes idées, ni les hommes, elle les dévore et leur survit. Toujours."

Les personnages féminins sont maltraités. Vous me direz normal c'est l'Afghanistan. Et vous aurez tort car les femmes occidentales sont aussi mal traitées que leurs consoeurs orientales dans le livre et dans la "vraie vie". L'auteur a insisté là-dessus lors de la conférence. Nous n'avons pas de leçon à donner sur notre rapport à la femme dans nos pays "civilisés". Il est triste qu'au vingt-et-unième siècle, les choses aient aussi peu changé. On n'ira évidemment pas jusqu'à considérer le livre comme féministe. Il ne l'est pas. Et ce n'est pas le propos. Mais quand le propos est intelligent, il faut le souligner.

DOA réussit le tour de force de nous livrer un roman d'aventure captivant. L'auteur a prévu un diptyque, le second tome encore en cours d'écriture ne sortira que dans un an.
Livre d'action donc mais aussi de réflexions et de questionnements sur l'état du monde. Ce livre à autant de facettes qu'un diamant brut.

Et alors comment se porte la guerre ? Hé bien elle se porte bien et elle vous remercie.

Ps : un grand merci à Babelio et aux Editions Gallimard d'avoir mis entre mes mains ce magnifique ouvrage !
Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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