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EAN : 9782363363879
JACQUES FLAMENT ALTERNATIVE ÉDITORIALE (30/11/-1)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Passion décomposée explore, creuse et ravine les souvenirs d'une passion amoureuse alors même que l'homme vient d'y mettre fin, autour d'un bol de thé. Le bol est resté longtemps remisé. C'était la dernière chose qu'il avait touché chez elle. Et puis, un jour, il a perdu de son signifiant pour redevenir ce qu'il était... Un bol dans lequel on pouvait indifféremment verser du thé ou du café. La passion s'était éteinte. Entre-temps, elle l'avait décomposée à n'en plus... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Passion décomposée" est la narration féminine d'une obsession plurielle et dévastatrice.
L'obsession d'un homme tout d'abord. Celle de son corps et des pointillés de sa présence jusqu'à la ligne continue de son absence.
Mais surtout, l'obsession d'une séquence bien particulière, celle de leur rupture. Se trouvent là des minutes disséquées encore et encore, jusqu'au terme de cette nuit sans limites qu'est devenue la vie de cette femme. Des secondes maintes fois revues, revécues, analysées et sur-analysées. Des instants que cette femme rejoue sous tous les angles, des plus évident aux plus subtiles, comme pour tenter l'impossible conciliation entre l'acceptation de la rupture et la négation de l'oubli de cet homme tellement idéalisé. Une répétition de réminiscences traumatisantes que cette femme s'impose jusqu'à l'indigestion, et parfois même en toute conscience.

Valérie Dorpe utilise les mots d'une femme envoûtée par sa rupture, ceux d'une femme tiraillée entre un volontaire lâcher-prise et une farandole de raisonnables interrogations.
Dès la première ligne, le ton est donné : elle nous embarque sans le moindre préambule dans une infernale monomanie de femme abandonnée sur le bord de sa vie. Et si l'histoire est somme toute plutôt classique (l'autre est un homme, mari qui se dit délaissé et surtout claironne une honnêteté qui touche au banal tant on comprend vite qu'en réalité il ne comprend rien de celle avec laquelle il trompe sa femme), cet homme demeure malgré tout au fil du temps et des pages, l'Alpha et l'Omega des obsessions qui musellent la narratrice. Ainsi, ce sera essentiellement dans l'exacerbation du vécu que l'on ira trouver le singulier. Dans la narration d'une expérience intime donc, mais aussi dans ces mots savamment choisis pour restituer autant l'intimité que la féminité déployée pour traverser l'épreuve.

Sur la forme, la narration à la première personne semble s'être imposée à l'auteure. Ce choix trouble la lecture. Il provoque l'empathie, pousse plus ou moins le lecteur à la place de cette femme qui nous ressasse ses obsessions. Ce qui pousse également au petit jeu de la compréhension. On est tenté de comprendre, de la comprendre elle, surtout ; et puis de comprendre son amant aussi (mais juste un peu puisque malgré le soin apporté par l'auteure pour que les responsabilités de cette séparation soient partagées, l'empathie avec ce mari trompeur, coincé dans ses carcans sociétaux d'un autre âge, demande un effort que peu seront prêt à déployer. Bref, durant un peu plus de 10 chapitres, même sans avoir forcément vécu une situation comparable (eh oui, quoi qu'on en dise, l'adultère n'est pas forcément une expérience majoritairement vécue - lol), le lecteur se plongera sans peine dans le ressenti et les délicates perceptions de cette femme abandonnée, désemparée face à des maux qu'elle subit le plus souvent, et, il faut le préciser, qu'elle initie parfois volontairement elle-même aussi.

Il y a de l'humain, beaucoup d'humain dans ce livre. Et là est sans doute ce qui rend l'écriture de Valérie Dorpe aussi singulière que méritant un vrai et long détour.

"Passion décomposée" de Valérie Dorpe, publié chez Jacques Flament Editions.
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J'ai adoré ce livre qui traite de la douleur de la séparation. L'auteure a un talent fou ! L'écriture est fine, précise, sensuelle. Les mots choisis résonnent en nous comme une musique pourrait le faire. C'est très troublant. C'est un livre vrai qui reflète avec une justesse incroyable la palette des sentiments qui traverse tout humain dans une rupture. Je conseille vivement la lecture de ce livre.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Tu veux bien m’offrir une tasse de thé ? », m’a-t-il dit en rentrant. J’étais contente de le voir, il m’avait manqué. Je pensais retrouvailles, oubli des dernières semaines, dans l’intimité des corps retrouvés. Il s’est tenu le plus loin possible de moi jusqu’à ce qu’il puisse mettre, en guise de bouclier, la table entre nous. Et puis il a serré très fort ses bras. Je n’avais pas vraiment compris jusqu’alors.
J’ai posé un bol, le vert, sur la table, son thé, du noir, le sucre. J’ai oublié le lait, pourtant je connaissais ses goûts. Il ne voulait pas manger. Il m’a réclamé le lait. Je n’avais plus faim. Il a mis son thé dans une passoire puis l’a posée sur le bol. Il a versé comme toujours de l’eau jusqu’à n’en plus finir. Je croyais toujours que ça allait déborder, mais non, il voulait faire proprement les choses, me quitter en face, en buvant son thé.
Je le voyais comme avant, quand nous retrouvions la cuisine après, mais là non, il n’y avait pas eu d’avant. Il a continué à parler en mettant un nuage de lait, j’avais bousculé ses certitudes, le bol n’a pas débordé, il a rajouté un sucre, ça devenait pour lui de plus en plus difficile, puis un deuxième, je comptais trop, le troisième sucre a suivi, j’ai commencé à le fixer, il voulait me le dire en face, peut-être un quatrième sucre, c’en était fini, le bol était plein, il a… Je ne sais plus. Je n’avais pas cessé de le regarder.
Avec la petite cuillère, il remuait et remuait encore, il voulait régler ses comptes avec moi, avec lui, se sentir moins mal. Je le fixais là, précisément. Il continuait toujours de monologuer, je n’entendais plus rien.
J’étais importante pour lui, je ne voyais plus que son cou, mais il ne voulait plus continuer, ses lèvres se sont approchées du bol, son cou à la lisière de la chemise. Il a pris une gorgée, je ne pensais plus qu’à ça, à     nouveau une gorgée, ce que je me contenais de faire. Il a eu l’air d’apprécier son breuvage. « C’est mieux, a-t-il dit, qu’on se quitte. »
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