Citations sur Le bruit de tes pas (44)
Béatrice, quand on aime les gens, on les fait pleurer.
J'étais avec lui, et j'étais la seule personne qui lui restait. Ce qui nous arrivait était horrible. Nous aurions dû être heureux. Nous aurions dû vivre notre vie. Au lieu de nous efforcer , agrippés l'un à l'autre, de ne pas mourir.
C'était peut-être le milieu qui nous avait produits. On avait peut-être ça dans le sang. C'étaient peut-être les gens qu'on fréquentait, l'ennui, l'absence de buts. La certitude de ne pouvoir évoluer, la prise de conscience de l'inéluctable. Dehors, les années se succédaient, et le monde changeait. Au fond de nous-mêmes, on restait figés.
Désormais on était plus unis que jamais. Et pourtant au fond de nous, dans un recoin inaccessible, on s'était égarés, dissous, dissociés. La fissure qui avait caractérisé nos relations depuis des années s'était approfondie, elle avait creusé un fossé.
Tous nos amis savaient ce qu'il avait traversé mais, comme d'habitude, personne ne le questionna. C'était dans notre nature : on avait tendance à refouler les sujets difficiles, on évitait d'affronter les épreuves tant qu'elles ne nous frappaient pas de plein fouet. Quand c'était le cas, il était souvent trop tard pour réagir.
Massimiliano était toujours d'humeur égale, il parlait tout bas et trimait comme un âne. Ressemblance physique exceptée, il n'avait rien de commun avec son frère, un fainéant qui passait son temps vautré sur les bancs défoncés de la Forteresse.
Il avait donc passé les quatre années précédentes à traîner dans la Forteresse, venant parfois m'attendre devant le collège. il jurait de chercher un boulot dès le lendemain, mais ce jour-là ne se présentait jamais : il haussait les épaules et prétendait qu'on n'était pas nés au bon endroit. Notre lieu de naissance nous collait à la peau et nous empêchait de trouver un emploi, du moins dans notre ville.
"Sa faiblesse, son je-m’enfoutisme, sa paresse, sa résignation face au monde qui l’avait produit m’insupportaient. Les filles qui lui plaisaient, nos copains quand ils tentaient de le détourner de moi, tout ce qui risquait de me l’enlever m’insupportait. [...] Je pensais que les éléments se liguaient pour nous éloigner et, Alfredo n’ayant aucune volonté, je lui imposais la mienne. Je n’avais pas compris qu’il cherchait autre chose, qu’il voulait me fuir. Et se fuir lui aussi."
« ils venaient des baraques en tôle ondulée qui poussaient comme des champignons le long du fleuve. C’était là que vivaient les véritables crève-la-faim, en comparaison desquels nous, les habitants de la Forteresse, étions des riches. Au moins, on possédait l’électricité et l’eau courante. »
« C’était peut-être le milieu qui nous avait produits. On avait peut-être ça dans le sang. C’étaient peut-être les gens qu’on fréquentait, l’ennui, l’absence de buts. La certitude de ne pas pouvoir évoluer, la prise de conscience de l’inéluctable. Dehors, les années se succédaient, et le monde changeait. Au fond de nous-mêmes, on restait figés.
On n’avait pas de raison de vivre, on n’était pas capables d’en trouver une. On vivait, un point c’est tout. »