Convois marchands, chevaliers errants, maîtres assassins… Nous somme bel et bien dans le monde merveilleux du Wu Xia (cad l'équivalent chinois de notre bon vieux cape et épée ^^), et dans ce tome 7 notre héroïne met à profit les enseignements de philosophie taoïste pour mettre fin à ses tourments existentialistes : la justice ne passe pas forcément par la vengeance, et elle a rencontré suffisamment de gens ruinés par les malheurs du temps des deux côtés de la frontière pour comprendre qu'il y a fort à faire pour mettre fin au chaos généré par sa propre famille !
Du coup, on renoue immédiatement avec l'esprit "Tigre et Dragon" avec la bataille du temple Liu Yun ! C'est très cool mais c'est aussi dommage qu'on soit dans le flou artistiques concernant le pourquoi du comment : le convoi de Salamandre Rouge (qui ?) veut détruire le convoi du temple Liu Yun (pourquoi ?), mais les hommes du convoi Yanhangmen arrivent à la rescousse de leur maîtresse qui a décidé de sauver la prêtresse Jing Dan sous les yeux des agents du gouvernement qui surveillent tout le monde mais qui laissent faire sans intervenir… de tome en tome, la politique du gouvernement de l'empereur Taizong ne cesse de me laisser perplexe : il déclare vouloir rétablir la paix et la prospérité, mais ne fait rien du tout pour protéger les régions harcelées par les Khitans et ne fait rien du tout pour venir en aide aux millions de réfugiés que la guerre a déplacé, alors qu'il déploie toutes ses forces pour boucler le pays en interdisant le commerce au-delà des frontières… Serait-il un isolationniste à la con, version médiévale de
Donald Trump qui parle de grandeur de son pays mais ne pense qu'à sa grandeur à lui ?
Les alliés de Li Changge parviennent néanmoins à noyer le poisson, et la princesse vagabonde gagne la capitale après avoir rompu avec son mystérieux maître à l'épée (Situ Langlang le dernier héritier de l'art de l'épée de Yuenu qui accompagne le Roi des médecins par monts et par vaux), et après avoir révélé toute la vérité à Ashina Sun : donc après la fille de Chine découvrant le monde de la steppe, c'est le fils de la steppe qui découvre le monde chinois… et la princesse Yicheng qui n'a pas renoncé à assurer le trône des Khitans son fils Asahina She'er pousse ses pions en ordonnant la mort du convoi Yanhangmen qui comprend la majorité des alliés de la princesse Yongning…
Comment vous le voyez c'est touffu, c'est hyper référencé tant du point de vue historique que du point de vue littéraire car on suit les très nombreux codes du roman de chevalerie chinois dont nous autres lecteurs occidentaux sommes presque totalement ignorants (imaginez un lecteur chinois tombant sur un roman de Chrétien de Troyes ! ^^). La narration n'explique pas tout, car elle fait appel aux classiques que les lecteurs orientaux connaissent sans doute par coeur, et personnellement j'ai eu l'impression qu'il manquait des trucs et que les coupures entre les chapitres n'étaient pas forcément bien placées… Mais bon, rien qui n'entache la qualité de la série, et rien qui ne gâche le plaisir de lecture…
Mais encore une fois c'est lamentable que la qualité d'impression laisse autant à désirer : on a réalisé des économies sur le papier et les pages sont tellement fines qu'on voit tout par transparence… Quand c'est les gris qui prédominent on fait avec, mais quand c'est le blanc qui prédomine ça gâche carrément tout le charme de l'oeuvre… Hé messieurs les éditeurs, il faut jeter un oeil au produit fini hein !