C’est toujours la même chose, d’écrit en écrit, la même traque, le même corps à corps, la même inquiétude, le même frisson, la même tranchée qui se creuse, la même guerre qui se poursuit. La même chose, et à chaque fois tout est recommencé, nouveau, tout à fait incertain, tout à redécouvrir, tout à réinventer ; à chaque écrit une expédition inédite, un nouveau siège, la première bataille. L’écrivain qui persiste – le même – qui dure, on le voit bien et radote, et s’obstine, mais néanmoins à chaque écrit : son auteur singulier.
C'est le lecteur qui reprend le licol, qui poursuit le travail, qui accomplit le livre, qui le métabolise en surcroît de désir, en regain de santé, en surplus d'existence, en résolution, en regard, en geste, en épaisseur humaine.