Minouche

C'est toujours un régal de découvrir un livre publié aux éditions du Chemin de fer.
Ici un court texte, énergique, fort. le monologue d'une Ève vieillissante qui s'adresse à son fils maudir, Caïn. Plein de gouaille, sans regrets ni remords, cette femme pleine de force se rappelle. La chute du paradis, les liens à son mari, le Maestro à reconquérir, la compréhension d'une indépendance, la sensualité naissante, jaillissent et ses enfants. Les peintures de Frédéric Limagne, vibrant, rendent hommage au texte plein de vie et de trouble de ce personnage mythique.

Un vrai plaisir de lire ce livre dans lequel le mythe d'Adam et Ève (prolongé par celui de Caïn et Abel) est abordé sous un angle humoristique très réussi mais qui soulève aussi un certain nombre de questions existentielles. Comment affronter son destin quand on ignore tout de la vérité de ses origines ? L'innocence vaut-elle mieux que la connaissance ?
Quitter un état d'immanence pure (en apparence), être expulsé(e) dans le Temps et la Matière, mais aussi dans la conscience, dans la connaissance, n'est-ce finalement pas un mal pour un bien ? À quoi bon être nostalgique d'un Paradis qui ne pouvait qu'être perdu ?
Les peintures de Frédéric Limagne s'accordent vraiment très bien avec ce texte... polyphonique.