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Critique de leopoldbloom69


Patrick Da Silva est madré. Il assène avec force conviction qu'il ne fait "profession de rien dans la littérature, ni de l'enseigner, ni de l'étudier savamment, ni de la critiquer, ni de la publier." Il se présente tout au plus comme un amateur, un adepte.
Et pourtant. Son recueil intitulé "du dimanche" – l'explication savoureuse du titre est donnée aux pages 51 et 52 – est bien l'oeuvre d'un auteur à part entière. Un passionné de littérature qui s'est nourri des oeuvres de Shakespeare, Beckett, Homère, Sophocle, Genet, Michon et tant d'autres, comme un ours se nourrit de miel : avec délectation. Et puis il y a la bible, son premier livre, celui qui l'a "intronisé lecteur" et vers lequel il ne cesse de revenir. Ainsi l'emploi du mot vice pour qualifier l'écriture n'est-il pas un hasard. Tout comme le mot débauche qui accompagne l'acte de noircir des pages, encore et encore, pour aboutir à l'accouchement difficile du livre...
Au fond, Patrick Da Silva nous interroge aussi bien sur ce qu'est la littérature que sur ce qu'est un livre ; celui qu'on lit autant que celui qu'on écrit.
Un livre est certes un "amas plus ou moins épais de feuilles de papier ! Elles sont imprimées et reliées entre elles, rassemblées sous une couverture cartonnée marquée à votre nom. " Mais nous savons tous que c'est bien plus que ça. Et Da Silva l'a bien compris lorsqu'il choisit la métaphore de la chaîne tendue entre l'auteur et le lecteur. Aussi avons-nous bien saisi qu'il ne saurait vivre sans livres ; il ne saurait plus vivre sans les lire, sans les écrire.
Qu'on ne s'y trompe pas ! Ce livre n'est pas celui d'un "écrivain du dimanche" pour deux raisons : d'une part, comme il le "confesse" lui-même, l'auteur ne travaille pas le dimanche. D'autre part, le dernier chapitre à lui-seul vous convainc que le mot écrivain n'est pas galvaudé dans son cas ; le style, le rythme, la petite musique, les trouvailles linguistiques, la gouaille : tout y est !
C'est un poète qui donne souvent le sentiment de souffrir du syndrome de l'imposteur – toujours en quête de légitimité – au point qu'il nous arrive de nous demander si sa modestie n'est pas parfois un tantinet surjouée.
Quoi qu'il en soit, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce recueil et je le recommande à tous ceux qui veulent passer un délicieux moment avec "un poète" (il y tient !).
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