Je n'ai sauvé personne, ni Nina ni ma mère.
Ni même ma propre personne.
Nina avait raison.
C'est malsain de vouloir sauver le monde.
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Je partais pour qu'on me retienne.
Mon père disait souvent que les mots c’est « du cinéma », il n’y a que les actes qui comptent....
Par ailleurs, je crois que c’est terrible de dire «je t’aime ».
Je crois que c’est aussi terrible de ne pas le dire.
De ne pas réussir, s’en empêcher.
- Tu sais quoi ? C’est pas grave, Mama ! Aujourd’hui on peut tout être : violeur, tueur en étant musulman, sauf être un homme et en aimer un autre. D’entrée de jeu, on l’élimine, on le fait sortir de la religion. Mais qui sommes-nous pour interférer dans la foi et la pratique de quelqu’un ? Et puis tu ne crois pas qu’ils auraient préféré aimer les femmes ?
Je m'appelle Fatima.
Je regrette qu'on ne m'ait pas appris à aimer
Parfois, j’ai envie d’être moi. Dire ce que je pense. Mais les mots de mes parents m’envahissent. 'Qu’est-ce que la famille va penser quand elle va apprendre que…' (…) 'Tu veux salir notre image ?'.
il ne me reste qu’une seule image : nos pieds sous la table, la tête dans notre assiette. Ma mère aux fourneaux, la dernière à s’installer. Le Royaume de Kamar Daas, ce n’était pas mon espace
Gabrielle et Cassandra étaient ma stabilité aménagée, un semblant d'apaisement et de confort.
Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j'avais besoin et ce qu'il me manquait.
Un soir, avant de rompre le jeûne, mon père dit qu'il s'en fiche de ne pas avoir eu de garçon. Il dit aussi que, contrairement à lui, notre mère en aurait voulu un.
Ma mère ne dit rien.
Ce soir-là je comprends que je ne suis pas celle que mes parents attendaient.
Leur fille fantasmée.
Je suis le fils qu'ils n'ont pas eu.
Avant, les vérités me paraissaient dangereuses à dire. J'ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu'elles ne se montrent. Des restes de mon éducation: montrer par petites touches mais ne jamais dire.