Parce que c'est difficile d'être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, a côté de sa vie, à côté de la plaque.
Par ailleurs, je crois que c'est terrible de dire « je t'aime ». Je crois que c'est aussi terrible de ne pas le dire. De ne pas réussir, s'en empêcher.
Ça raconte l’histoire d’une fille qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d’autre ?
Un mois plus tard, j'ai arrêté la prépa.
Je ne suis pas allée en médecine.
Je n'ai pas intégré Science Po.
J'ai écrit.
En dehors de ma famille, à Clichy-sous-Bois, les personnes avec qui j’ai grandis, le voisinage, les amies, les camarades de classe sont presque tous des musulmans. Alors, je n’ai pas de mal à être une « musulmane ».
Parfois j'ai envie d'être moi. Dire ce que je pense. Mais les mots de mes parents m'envahissent.
Ce que je raconte, c'est décousu, flou et troué de silences (en parlant de ses séances chez la psychologue)
Je m'appelle Fatima.
Fatima est un prénom féminin, musulman.
Je commence à m'habiller "comme un garçon" à l'âge de douze ans.
Je ne le sais pas tout de suite, on me le fait remarquer.
J'airais voulu être imam, réciter le Coran avec le tajwid, une lecture psalmodiée; guider la prière de groupe, écouter, conseiller, faire des conférences.
Avant mes dix-neuf ans, je décide de m'inscrire à l'école de l'asthme.
L'école de l'asthme est un concept créé en 1991 par l'association Asthme&Allergies, elle vise à donner une éducation thérapeutique moins ennuyante que des cours théoriques.
J'apprends que cette formation permet de mieux connaître la maladie et de la contrôler.
L'école t'apprend à devenir acteur de ta prise en charge, à mieux maîtriser les déclenchements, à prévoir et éviter l'apparition d'une crise d'asthme ou à empêcher qu'elle ne s'aggrave, et, surtout, on t'enseigne à accepter la maladie.