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Critique de ATOS


« Que s'abattent les coups qui me sont destinés,
Advienne ce qui devra
Mais donnez-moi la face de la terre
Et la route qui m'attend
Richesse, espoir, amour n'importent
Ni un ami qui me connaisse ;
J'ai pour seul désir le ciel, là-haut,
Et la route qui s'en va. »….
ce sont quelques uns des mots du poème « Vagabond » de Robert Louis Stevenson.

Captivité. Non pas le captif.
Le captivé est un être captivant.
«  les aliénés voyageurs », «  les fous voyageurs » Pour eux un seul désir : marcher, marcher autour du monde, marcher droit devant, errer, bivouaquer, repartir.
Nomade compulsif. « fugueur pathologique ».
En cette fin du 19e siècle, vagabonder est un délit ou une folie.
Albert Dadas aura parcouru beaucoup, beaucoup de kilomètres à pieds, vu beaucoup beaucoup de pays. Il aura fait de la prison, et aura passé beaucoup de jours en hôpital psychiatrique.
Un homme le professeur Philippe Tissié s'intéressera à son cas et l'étudiera.
Son cas sera connu à travers le monde.
Si Albert est captivé par ses fugues, Tissié est captivé par les récits des voyages d'Albert.
Albert a mal à la tête, il a besoin de route pour soulager sa douleur, il part , plus rien ne peut l'arrêter , il part et ne se souvient plus ce qui l'a poussé à partir. Mais il souffre. Tissié l'aide, l'écoute, prend note, , le soulage, l'hypnotise.
« Hystérique somnanbulique diurne appartenant à le classe des captivés ». le verdict tombe.
Alors, Albert simulait-il l'amnésie pour ne pas tomber sous les coups de la loi ? Était- il réellement possédé par une pulsion irrépressible ?
Pour Tissié il était «  captif de l'idée du voyage, séduit par l'ailleurs il en devenait prisonnier ».

Alors à mon tour d'être captivée par le récit d'Albert à travers les textes de Chistophe Dabitch et les dessins remarquables de Christian Durieux.

Pour bien saisir le profil d'une époque il est très intéressant de se prolonger dans l'histoire de la psychiatrie. Car souvent la société diagnostique comme maladie mentale ce qu'elle ne comprend pas et encore plus souvent se dont elle a peur.

Et en cette fin du 19° siècle , l'Europe tenait déjà ses frontières à coups de crosses.
Comment pouvait elle considérer Albert Dadas autrement que comme un malade mental, un fou, un déséquilibré, lui qui justement marchait librement en ne faisant aucun cas de toutes leurs frontières, de leurs lois, de leurs ordres ?
Une histoire vraie, passionnante, et dans cet album fort bien relatée.

Astrid Shriqui Garain

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