Citations sur Revue Dada, n°157 : Hopper (9)
Jamais Walker Evans, Stephen Shore ou William Egglestone n'ont cité la peinture d'Edward Hopper comme une de leurs sources d'inspiration. Pourtant, les points communs entre leurs oeuvres sautent aux yeux ! Peu d'artistes en fait se réclament explicitement de Hopper, même si beaucoup lui emboîtent le pas. Son influence serait-elle alors plus inconsciente ? Voilà sans doute la marque d'un grand artiste : ses peintures sont si célèbres qu'elles habitent l'imaginaire de chacun sans que l'on s'en rende compte !
p. 30
Hopper a toujours été intéressé par la photographie, à laquelle il a été initié par Eugène Atget à Paris.
p.33
Photographe américain, Egglestone choisit à partir des années 1970 d'observer l'Amérique "par le petit bout de la lorgnette. " Tout comme Hopper, il opte pour des sujets non spectaculaires : de tout petits riens qui, dans son objectif, en disent peut-être plus sur l'Amérique que des événements chocs et retentissants...
p. 30
Si le travail de peintre exige un temps d'exécution bien plus long par rapport au simple déclic du photographe, tous deux sont animés par le même désir : saisir un instantané. Dans la lignée de Hopper, ce n'est pas le grandiose qui les intéresse. Les photographies de maisons réalisées par Stephen Shore évoquent aussi les bâtiments peints par Hopper.
p.29
Dans les années 1930, Walker Evans photographie ainsi les maisons en bois de la campagne américaine, que plus personne ne regarde, ou les passagers anonymes du métro, ballotés par le train. (...) Il photographie les voyageurs en cachant son appareil sous son manteau, et il réussit à ce que personne ne le remarque ! Walker Evans aime ses portraits volés, car ils lui semblent plus naturels (...)
p.28-29
Rares sont les artistes à se réclamer de Hopper et pourtant, on peut observer de nombreuses similitudes. Attentif à l'Amérique du quotidien, Hopper ouvre une voie à de nombreux artistes et photographes.
p.28
Le cinéaste américain David Lynch avoue passer des heures devant les tableaux de Hopper pour essayer de savoir ce qu'il va se passer ou ce qu'il vient de se passer ! (...) Tous deux puisent dans le même fond d'images stéréotypées de l'Amérique. Dans "Blue Velvet", par exemple, le film commence par une succession d'images à la Hopper. La caméra capture l'atmosphère paisible d'une ville américaine (...) Seulement, comme chez Hopper, cette vision calme et lisse révélera quelque chose de beaucoup plus étrange...
p.27
La "Maison au bord de la voie ferrée" peinte par Hopper est bizarre. Même si nous sommes en plein jour, les ombres règnent partout, la plupart des fenêtres sont voilées et on ne voit aucune porte d'entrée ! Pas étonnant qu'Alfred Hitchcock, le roi du suspens, s'en inspire pour planter le décor de "Psychose." (...) Hitchcock dialogue encore avec le peintre dans "Fenêtre sur cour. "
p.27
Edward Hopper est né en 1882 près de New York. Dès l'âge de sept ans, il reçoit son premier chevalet pour Noël. (...) Il veut devenir artiste. Ses parents ne s'y opposent pas, mais ils le persuadent de se spécialiser dans un domaine plus commercial : l'illustration. Il entre à la New York School of Art en 1900, dans laquelle il reçoit en même temps une formation classique. Pendant près de vingt ans, il travaillera comme illustrateur pour des agences de publicité et des journaux. Hopper n'aime pas ce travail, mais il lui permet de vivre, et d'améliorer sa technique.
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