Un grand merci à la
Revue DADA pour ce numéro 272 consacré à Suzanne Valadon, artiste peintre connue mais qui pour moi restait à découvrir.
Vous dire que c'est une femme n'est évidemment pas le scoop du siècle.
Ce XIXème siècle finissant qui l'a vu grandir ni ce XXème naissant qui la consacre. Cette autodidacte inclassable a posé pour les plus grands (Renoir, Toulouse-Lautrec) devenant plus que leur modèle mais sans jamais être inféodée à un style, une école de peinture. Degas « la découvre, l'encourage, l'initie à la gravure, achète ses dessins ». Bref, lui donne rang d'artiste. « Elle est des leurs ».
Femme libre, elle peint les femmes non pas comme les objets idéalisés du désir des hommes mais expose au regard la réalité non fardée des corps jeunes ou vieillissants et donne à ressentir leur humanité profonde.
Elle provoque et détourne les académismes. Telle « la Vénus noire » qui sur le modèle de la statue grecque antique blanche donne à l'amateur d'art l'étrange sensation d'être observé voire défié.
Décidément cette femme ose tout. Elle renverse les rôles, peint les hommes – voir « le lancement du filet » - en l'occurrence son très jeune mari, de manière académique et scandalise jusqu'aux avant-gardistes.
Alors que dire de cette feuille de vigne apposée sur le corps d'Adam – voir le « Adam et Eve » - cachant une réalité, que l'on suppose trop crue, pour satisfaire les tenants des bonnes moeurs. Cette oeuvre est un hymne à l'amour.
Femme de caractère, Suzanne initie son très instable fils Maurice Utrillo à la peinture et tente ainsi de lutter contre son addiction à l'alcool.
Les représentations qu'elle fait de sa famille ne cachent rien de la morosité ambiante et des failles qui la traversent.
Mais de Suzanne Valadon que reste-t-il ?
Utrillo son fils ! Une oeuvre inclassable. La mise à nue non fantasmée de ses modèles féminins.
L'ABC D'art de la revue DADA en vingt-trois lettres - F comme féminisme, S comme scandale, X comme… - réussit la gageure de résumer une vie foisonnante, vécue intensément.
La revue sous le bras, courez découvrir les expositions (Metz, Nantes) qui rendent hommage à Marie-Clémentine Valadon.
Question subsidiaire avant de nous quitter. A qui doit-elle son célèbre prénom et pourquoi ?