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Critique de didier_paris


C'est en fait une une biographie romancée de Maxime Lisbonne colonel de la commune de Paris de mars à mai 1871. Quel personnage, quelle extravagance, quel courage, quelle flamboyance ! Didier Daeninckx y fait parler son heros a la première personne en décrivant sa vie : Maxime Lisbonne a commencé sa carrière dans l'armée (Sébastopol, la guerre de Crimée, la Syrie en servant les armées de Napoléon III). Puis il fut directeur du Théâtre Les Folies Saint Antoine jusqu'en 1870.
Après la défaite de Monsieur III et ses 75000 hommes à Sedan en septembre 1870 et la fuite d'Eugenie l'impératrice, la 3eme république est proclamée. Les généraux sont des poltrons, le 31 octobre, Paris est menacée par les Prussiens, et encerclée après la défaite de Trochu ( le général Trop Choir selon V. Hugo ) et ses 10000 hommes à Buzenval en janvier 1871. Défaite humiliante, pour Lisbonne et ses compagnons déjà pétris des idéaux de la Commune qui s'étaient courageusement engagé s pour défendre Paris. Mais Trochu avait déjà scellé la défaite et le siège de Paris par les Prussiens et l'abandon du pouvoir par Thiers ainsi que la fuite des bourgeois à Versailles entraînera la proclamation de la Commune de Paris le 18 mars 1871.
M. Lisbonne y est nommé Colonel et crée son bataillon des Turcos de la Commune, il défendra ardemment le Sud de Paris ( fort d'Issy, Porte de Vanves, Malakoff...) Des attaques des lignards versaillais. Il combattra jusqu'au bout et sera blessé sur la barricade de la rue du Château d'eau.
Après la semaine sanglante des massacres de Thiers et ses soldats, commence alors son calvaire : condamné 3 fois à mort par les Versaillais, alors qu'il est presque mourant, il sera finalement déporté avec Louise Michel en Nouvelle Calédonie.
Là bas, il prendra comme Louise Michel, la défense des Kanaks, il créera un théâtre de fortune.
Puis c'est l'heure de l'amnistie : le 8 janvier 1881, Lisbonne débarque à Brest puis rentre en héros à Paris, accueilli par des sympathisants Communards dont Vallès et Louise Michel, Blanqui venait de mourir...
Lisbonne cherchez de quoi vivre et continuer à sa façon le combat : repreneur des Bouffes du Nord à côté de Barbès, il y mettra en scène les oeuvres d'Hugo, Louise Michel. Puis viré par un propriétaire trop gourmand, il se fera directeur du "banquet des affamés", une sorte de soupe populaire. Un lieu incroyable, mêlant spectacles et restauration pour les pauvres, les bourgeois locaux paieront en mécénat, ce restaurant du coeur avant l'heure. puis il créera "la Frite révolutionnaire" en proposant même des livraisons de repas à la demande !
Toujours sous surveillance des bourgeois ou créanciers, toujours chassé par les affairistes, Maxime Lisbonne n'abandonne jamais. Il sera à l'origine de cabarets avant gardistes qui feront, par la suite, les beaux jours de Montmartre et Pigalle (le Casino des Concierges puis le Divan Japonais, 75 rue des Martyrs, où on on l'accusa de créer le.premier spectacle dénudé !). Figure connue du XVIII arrondissement de Paris, il se présentera plusieurs fois aux élections locales et législatives en provocateur anarchisant et toujours communard (sur ses affiches était inscrit : saltimbanque je suis, saltimbanque je reste - révolution democratique et sociale !).
Puis, les dernières années, il rentre dans sa ville de naissance, la Ferté-Alais, épuisé par sa deuxième faillite... Gérant d'un Tabac, il décède à 66 ans, en mai 1885 (quelques mois après Louise Michel) l'humanité dira de lui : "ce fut certes un fantaisiste compagnon que Maxime Lisbonne, mais un vaillant et aussi un brave homme".
Ce roman est une fresque originale de la vie tumultueuse de ce Communard et aventurier de la Culture, précurseur, provocateur et fidèle aux idéaux républicains et progressistes de la Commune de Paris.
Cela fait du bien à lire, Maxime Lisbonne était tout sauf conventionnel, d'une énergie créatrice débordante et d'un enthousiasme exceptionnel.
Toute sa vie concentrée dans ce roman est magnifiquement écrite par Didier Daeninckx, qu'on sent séduit par la flamboyance du personnage. Et ce qui est encore mieux, c'est qu'il fait passer cette énergie dans son écriture ! et on veut crier avec Lisbonne : au feu, au feu, vive la Commune !
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