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Critique de Sarindar


Jacques Dalarun est-il le spécialiste des lignes de bordure en matière religieuse ? Sa biographie de Chiara da Rimini, religieuse originaire des Marches, est une illustration de cet intérêt marqué pour ce qui n'est pas commun.
Claire de Rimini - ou Chiara Argomanti - est née vers 1260-1265, d'une famille de comtes, et morte vers 1328-1329.
A l'énoncé du prénom De Claire, on pense tout de suite à Claire d'Assise (1154-1253), fondatrice des Clarisses et grande amie de François d'Assise, son pendant féminin. Mais c'est une homonyme.
La nôtre, Claire de Rimini, s'est inscrite dans un esprit de fidélité à l'esprit du Poverello, elle a privilégié comme lui un retour aux sources, s'inspirant des paroles évangéliques pour en dire toute la radicalité, sans accommodement. Cette femme, qui avait connu la facilité et le luxe dans son milieu d'origine, changea tout cela et décida d'appliquer l'Évangile à la lettre. Elle s'imposa des pénitences au quotidien, dormant à la dure, dans le confort le plus rudimentaire, se nourrissant de peu : de l'eau et du pain, et adhérant aux thèses des Spirituels qui se réclamaient de l'esprit du maître et de l'esprit des origines. Mais les Spirituels trouvaient face à eux des esprits conventionnels, au sein même de l'Ordre franciscain, qui n'étaient pas contre l'idée que l'ordre devait s'adapter raisonnablement au monde ambiant en admettant un enrichissement de la Communauté aussi bien sur le plan du savoir que sur celui de la fortune collective en terres, bâtiments, objets sacrés. Claire, par ses choix, rencontra l'hostilité de nombreux membres de la hiérarchie de l'Ordre et du clergé. La grande question qui divisait l'Ordre franciscain était évidemment : le Christ était-il favorable a la pauvreté absolue ? Ceux qui refusaient de répondre par l'affirmative étaient nombreux et tenaient les commandes de l'Ordre. Même Bonaventure, qui rêvait de réconcilier les deux branches de la famille, penchait du côté de ceux qui étaient favorables au compromis avec le monde et "l'esprit du monde". En 1294, l'Ordre franciscain faillit connaître une scission, mais les opposants à l'option d'exigence emportèrent finalement la partie, et le pape Jean XXII condamna sans ménagement le programme religieux et social des Spirituels, en 1318. C'est ce qui fit que Claire de Rimini, qui fit plus que partager les idées des Spirituels, fut regardée avec suspicion par les Prélats de l'Église. Ces Monsignores avaient oublié l'esprit des origines et ils auraient peut-être fait condamner Claire de Rimini si elle avait franchi la ligne jaune.
Destin exceptionnel de cette femme qui afficha ses idées avec courage et avait d'autant plus de mérite qu'elle venait d'un milieu aisé et protégé et qu'elle avait fait l'expérience de la vraie pauvreté et celle, très difficile à supporter, de la réclusion volontaire.
Une "Légende", écrite au XIVe siècle, avec toutes les faiblesses inhérentes à ce genre littéraire, fut la source d'information principale pour raconter la vie de cette femme de foi et de caractère.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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