Lecteur comblé de
la Horde du Contrevent, je me suis intéressé sur le tard à
la Zone du Dehors avec un soupçon d'inquiétude.
Et pourtant je ne regrette pas cette lecture. Certes, il ne faut pas s'attendre à une oeuvre de space opera ou de hard SF.
Damasio utilise la SF comme un laboratoire pour faire ses expériences de pensée sur l'espèce humaine. Voilà d'ailleurs un des seuls reproches qu'on peut lui faire concernant la Zone : un brin trop expérimental, le roman se perd parfois dans des exposés philosophiques que
la Horde du Contrevent arrive à éviter par un pragmatisme impressionnant. Mais c'est tout de même là la force de
Damasio : parvenir à rendre palpables des concepts philosophiques empruntés à
Nietzsche, Deleuze ou Foucault. À chaque fois qu'il semble tomber dans un utopisme naïf,
Damasio se rattrape par des analyses mordantes et pertinentes des politiques qu'il souhaite combattre. On peut ne pas adhérer à sa vision des choses, mais il est impossible de l'accuser d'être réducteur.
On pourra également reprocher quelques personnages un peu bâclés ou certains passages d'un lyrisme douteux, mais le fait est là : l'oeuvre de
Damasio prise dans sa globalité est d'une force incroyable. Une claque pourvu qu'on y laisse un peu de sa sensibilité.
Je conseille d'ailleurs aux personnes intéressées de lire
la Zone du Dehors avant
la Horde du Contrevent, parce qu'elle pose un cadre explicatif qu'il n'est pas inintéressant de connaître avant d'attaquer la lecture de ce dernier.
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