Incipit :
Les ruelles de Sidi Youcef n’étaient pas éclairées. Il fallait se contenter du halo des fenêtres pour guider ses pas. Les familles dînaient porte entrouverte ce soir-là. Moins pour l’air doux de la fin d’été que pour le nif, le nez altier, l’orgueil de montrer qu’elles n’avaient pas peur.
Soudain, elle lâcha les rênes. Sheïtane hésita puis comprit. Il s’élança. Ses crins noirs voletèrent. Le soleil dessinait des reflets acajou sur son encolure. Selma se dressa sur ses étriers. Le vent défit sa natte et, tandis que les mèches lui fouettaient les joues, elle plissa les paupières. Elle laissa Sheïtane accélérer jusqu’à ce que le bruit de ses sabots ne soit plus qu’un staccato sur le sable et la mer une rayure bleue grisante.
Tu viendras me donner des leçons de religion quand tu auras arrêté de fumer du haschich.
Nous contemplons certains paysages depuis notre enfance sans imaginer qu’ils peuvent disparaître. Ils sont comme des êtres familiers ou certaines odeurs et saveurs qu’on a connues depuis tout petits : un refuge et, quand tout vacille, ce qui nous raccroche au monde tangible.
C’était devenu une compétence nationale : l’art de passer du tragique au comique, de désamorcer la mort d’un bon mot.
Réveille-moi crachin glacé, noie mes pensées. Ramène-moi à la pure matière de mon corps.
Timide et sûre d'elle à la fois. Souveraine dans la vulnérabilité.
Faire l'amour... Cela signifiait bien que ce sentiment se fabriquait sous les draps.
Elle appartenait à la race des mères obstinées, celles qui n'ont pas besoin d'être bien accueillies pour aimer.
Les ruelles de Sidi Youcef n'étaient pas éclairées. Il fallait se contenter du halo des fenêtres pour guider ses pas. Les familles dînaient la porte entrouverte ce soir-là. Moins pour l'air doux de la fin de l'été que pour le nif, le nez altier, l'orgueil de montrer qu'elles n'avaient pas peur.