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Critique de Hell_Gring_Goth


Futur proche - fin du XXIeme siècle.

Le Contexte : Maurice G. Dantec s'est révélé en tant qu'auteur au début des années 90, en écrivant deux techno-Thiller brillants et coup de poing : La Sirène Rouge (93) et les Racines du Mal (95).
La Sirène Rouge a été adapté en 2002 au cinéma avec Jean Marc Barr dans le rôle de Hugo C. Toorop.
Ces 2 romans ont été acclamés par les critiques littéraires à leur sortie.
On a immédiatement catalogué (un peu hâtivement) l'auteur comme un joyeux gauchiste.

C'est ensuite que tout s'emballe.On s'aperçoit en lisant les pseudos mémoires de l'auteur : le Théâtre des Opérations I & II (à la lecture chiante et fortement déconseillée ;).), qu'en fait de gauchiste, nous avons affaire à un être abjecte et fascisant.
Qui toujours d'après ses mémoires s'est exilé au Québec pour fuir une France Stalinienne...
(Sisi, je vous assure, la réalité dépasse parfois la fiction. J'ai quand même du mal à voir quelque chose de Stalinien dans l'ère Chirac ;).)

L'auteur a évidemment plus de mal à sortir ses bouquins suivants (quelque soit leurs qualités et défauts), les critiques étant nettement moins enthousiastes.

Notre auteur (drogué, totalement illuminé, fascisant mais brillant, malheureusement l'un n'empêche pas l'autre) bascule progressivement au fil de ses romans (Babylon Babies (99), Villa Vortex (03), Cosmos Incorporated (05)) du néo-polar à la SF.
Cette bascule était déjà perceptible dans Les Racines du mal qui bien que paru initialement en série noire est une histoire de serial Killer au XXIe siècle (je rappelle que le livre est sorti en 95 soit 5 ans avant le début du XXIe siècle.)
A ce titre, on pourrait aisément le classer dans la catégorie SF (ce qui soulève l'éternelle question de la classification des livres par genre littéraire, question que je n'aborderai pas ici.)

Voilà pour situer l'auteur.

Abstraction faîte des propos qu'il tient sur lui même dans ses mémoires (que vous vous garderez bien de lire de toute façon ;)), ses romans de fiction sont très bien écrits.

Pour situer l'oeuvre de l'auteur et plus particulièrement Grande Jonction sur lequel je m'attarde aujourd'hui : j'ai beaucoup aimé ses deux premiers romans, j'ai donc lu ses suivants, et systématiquement je décroche à environ mi bouquin, lorsque l'auteur entre dans des considérations métaphysiques qui je l'avoue humblement m'échappe totalement.
Je lis essentiellement des romans, très peu de traités philosophiques, d'autant plus quand le philosophe est tendancieux.

Ce fût le cas pour Cosmos Incorporated dont (apparemment à la lecture des quelques premiers chapitres) Grande Jonction serait la suite.

Voilà, voilà, voilà...

L'histoire : Dans un futur proche, aux environs de 2070, quelque chose a détraqué les machines (et beaucoup de personnes "cybernétisées" sont décédées - imaginez un pacemaker amélioré qui se détraque...)
Le "virus" se propage, transformant des machines complexes en simples machines binaires.
Apparemment, "le virus" (si c'est bien d'un virus dont-il s'agit.) a muté et a réussi à atteindre l'homme.
On l'apprend très rapidement dans le livre à travers un cas clinique qui nous est relaté.

Pour combattre ce fléau d'un nouveau genre, une personne : un garçon qui a le don de guérison des machines...

Bon, comme nous sommes dans un roman de Maurice G. Dantec, rien n'est aussi simple que les apparences le laisse présager.

Premier constat, qui ne remet en cause ni ce que je pense de l'auteur, ni ce que j'ai pensé de ses autres bouquins, ben celui là je l'ai plutôt bien aimé - peut-être est-ce parce que je l'ai trouvé plus compréhensible que certains autres ;).

Si on fait abstraction des quelques délires de l'auteur, c'est du Dantec dans le texte quand même ;).
Si on fait abstraction des pages 620 à 650 environ, le reste est lisible, voire agréable à lire.

Dans ce roman on retrouve pèle mêle, quelques séquences à la Mad Max, un peu de Blade Runner, ... le tout dans une ambiance très western.
C'est une sorte de tragédie futuriste.

Pour essayer de résumer l'histoire :

L'avant : ce qui n'est qu'évoqué dans le roman et apparait dans "Cosmos Incorporated" : Mi XXIe siècle, le monde s'est retrouvé subitement dominé par un réseau IA global, La Metastructure, sorte de dictature informatique autonome à l'échelle planétaire.
Comme à cette époque la quasi totalité de l'humanité est en partie cybernétisée, personne n'échappe via son informatique embarquée au joug de ce régime totalitaire.
Mais subitement, survient ce qui est nommée la "première Chute", la Metastructure "meurt".
Sa mort est suivie (ou implique) la destruction ou le dysfonctionnement de tous les systèmes informatiques complexes mondiaux.
C'est entre autre la fin des programmes spatiaux mondiaux, les colonies en orbite se retrouvent subitement coupé de leur planète mère.
Une bonne partie de la population cyber meurt pour cause de dysfonctionnement de leur système embarqué.
S'ensuivent des guerres de religions ou Jyhad qui poursuivent l'oeuvre de destruction de la race humaine en cours.

Le pendant : L'histoire racontée dans "Grande Jonction" : sur les ruines de cette catastrophe planétaire, dans une zone canadienne, les humains du XXIe siècle essayent de survivre tant bien que mal dans des conditions précaires.
Gabriel Link de Nova, "né" au tout début de la première chute a développé (toujours possédé) un don unique, lui permettant de faire revivre le matériel informatique à l'aide de la musique.
Il peut aussi sauver la vie des cyber et les immuniser contre toute rechute de leur système informatique embarqué.
Son pouvoir secret est jalousement gardé et distillé, dans une sorte de bidonville futuriste à la Mad Max (Le 2), sous la houlette d'un shérif qui fait régner l'ordre et la loi.
Ses contacts à l'extérieur sont Youri et Campbell, deux magouilleurs des territoires.

Mais voilà que Youri et Campbell détecte une seconde chute, une sorte de "virus" qui attaque cette fois-ci non plus l'informatique, mais le langage humain...

Je n'en dévoilerai pas plus, mais en gros c'est de l'Armageddon qu'il s'agit, c'est le combat des derniers hommes libres contre une entité antéchristale. (Les références au christianisme sont légions dans ce roman et dans l'oeuvre de Dantec en général.)

Pour conclure : il se passe beaucoup de choses dans ce livre, les séquences se succèdent à des rythmes variés, parfois Dantec part dans des digressions et noie le simple lecteur que je suis dans des considérations philosophiques et religieuses qui me dépassent un peu (beaucoup ;).)

Mais tout s'accélère vers la fin qui est Dante(c)sque évidemment ;).

Franchement un des meilleurs romans SF de Dantec, bien meilleur (AMHA) que "Babylon Babies", "Villa Vortex" et "Cosmos Incorporated"...
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