Grand-mère aime expliquer ce qu'il faut faire. Elle me dit toujours de mettre ma casquette à penser. Quand j'étais petite, je croyais que c'était une vraie casquette .
(.... )
Mais je suis à court d'intelligent. C'est Rose stupide qui est assise là.
Grand-mère serait très fâchée contre moi, si elle m'entendait dire ça. " Tête droite, épaules en arrière et ne renonce pas. Tu peux tout faire, Rose."
Mais je ne retrouve pas la casquette à penser de grand-mère. Elle se cache.
( p 78)
- Ouijecomprends. Patient, c'est dur.
- Jamais est encore plus dur, ma chérie. (p.241)
Rosie qui aime Jack rend Jack fort... Jack qui aime Rosie rend Rosie courageuse. (p.182)
- On emmène ma chienne, Winniebago, avec nous.
- C'est un nom stupide ; c'est pas comme ça que s'appellent ces machins, ces caravanes ?
- Ce n'est PAS stupide. papa voulait un camping-car. Il a eu un chien à la place. (p.152)
C'est parce que je suis différente. Maman appelle ça être spécial. Je déteste être spéciale. Jamie aussi. Il va au Henley College. Jamie aussi est trisomique. Jamie veut être avec tous les garçons et aller au pub et se marier. Je lui ai dit qu'on pouvait "très bien" se marier. La maman de Paula Knight est trisomique. On est tous différents, juste comme vous. C'est ce qu'on nous dit à Henley College. Certains d'entre nous peuvent être in-dé-pen-dants et d'autres non. Emma Wilson ne pourra jamais. Elle est très embrouillée dans sa tête. (p.50)
“ Je marche vers le panneau du métro et je n’arrête pas de me retourner. Lawrence n’a pas bougé. Il salue de la main. Je regarde une dernière fois au moment où je descends dans l’obscurité. Il est toujours là. Il a l’air petit.
Je descends dans un long tunnel serpent. Ça dure très longtemps. Je redresse mes épaules. Je suis courageuse. Jack est à l’autre bout de tous mes voyages.
Les gens avancent comme des fourmis en ligne. Je ne peux pas m’arrêter pour faire passer mon sac dans mon autre main. Si je le faisais, ils me marcheraient dessus. Mon bras me brûle dans mon épaule.
Devant moi, j’entends de la musique. Quelqu’un chante. Mais je ne sais pas quelle est cette chanson. Ni pourquoi elle est dans cet endroit. Jack connaîtrait la chanson. Il en connaît beaucoup et plus que moi. La musique devient de plus en plus forte alors que j’avance.
À l’angle du couloir, un homme est assis par terre avec une guitare sur ses genoux. Il ne devrait pas s’asseoir là. Il va se salir. Il a un chapeau avec une plume sur la tête. Et un chapeau noir sur le sol avec de l’argent dedans. Je connais ces gens. On en voit à Henley-on-Thames. Les jours de vacances. Je suis triste pour lui parce que personne ne s’arrête pour l’écouter. Je reste près de lui parce que j’aime comme il chante. Je range mon sac derrière mes pieds. Je peux réveiller mon bras, maintenant, parce qu’il s’était endormi. J’écoute la chanson.
La musique est gaie et triste. Et pleine de magie. Une dame sourit à l’homme et jette une pièce dorée dans le chapeau en passant à toute vitesse. Les pièces dorées sont les meilleures.
De l’autre côté du tunnel, il y a une grande, très grande image avec un cercle de papillons et d’abeilles. Et plein d’insectes. C’est beau. Je ne sais pas ce que veulent dire les mots. Les papillons volettent tout autour du cercle. Les couleurs peignent des arcs-en-ciel pour moi.
Je ferme les yeux et laisse l’homme chanter dans ma tête.
Je rêve que Jack me tient par la main et me fait tourbillonner. Sa bouche forme les mots « Je t’aime ». Il me sourit puis me lâche. Il me regarde danser. Je suis la dame danseuse de la boîte à musique de ma grand-mère, et je tourne sur mes bouts de pieds. Je suis un arbre agité par le vent. Je suis un pissenlit qui fait voler des souhaits jusqu’au ciel. Je dérive sur les nuages et fais éclater le soleil du bout des doigts.
Je jette un coup d’œil rapide et les papillons s’élèvent au-dessus des fleurs. Ils volettent dans le cercle de mes bras. Jack en attrape un, petit et bleu, dans sa main. Ses ailes battent en rythme avec la musique. Il brille dans l’obscurité. Jack lève la main près de sa bouche et souffle le papillon vers moi. Il rit de joie. Je suis moi qui danse. Je suis libre. Je suis Rose. J’envoie un signe de la main à Jack et je ris avec lui…
Quand j’ai rencontré Jack la première fois, il a chassé mon solitaire dedans. Le soleil est entré dans ma tête, des ailes ont poussée sur mon cœur et m’ont emmenée jusqu’à la lune. J’étais la vraie Rose. J’étais plus Rose, Papa, qu’avant de rencontrer Jack. Sans lui, mon soleil est couvert de nuages et à l’intérieur de moi il n’y a que de la pluie. Jack me fait grande comme le ciel et courageuse comme le lion.. et je fais s’envoler le furieux de Jack. Sans lui je ne suis pas Rose, je suis disparue
Avant tout, Rose, tu es un être humain.. on aime pareil… on pense pareil.. et on est aussi importants les uns que les autres » Les mots dans ma tête sont les mêmes que les tiens. Quelquefois, ils sortent juste un peu de travers
C'est quoi ton nom ? Je m'appelle Paris. Comme la ville. Dieu merci on m'a pas appelée Bagdad ou Düsseldorf. Ha ha ha ! (p.62)
- Tu comprends ce qui est écrit sur le panneau ?
- J'écoute la voix du tableau de trains parce que c'est plus difficile de lire. Mon professeur dit que j'ai des noeuds dans mon cerveau. Il faut qu'ils se dénouent pour que j'arrive à penser correctement. Je crois que certains noeuds ne s'en iront jamais. (p.59)