Le seigneur du manoir

— Je t'aime, murmura-t-elle dans un souffle. Et j'ai l'impression de t'avoir toujours aimé.
« Peut-être est-ce là le symptôme de l'amour, songea-t-elle, étourdie par ses sentiments. On cesse de regarder en arrière, on oublié ses peurs et on envisage l'avenir avec confiance. »
— Ce sont les plus beaux mots qu'il m'ait été donné d'entendre, répondit Spencer. Je t'ai attendue si longtemps, Sabrina. Tu es la première femme que j'aie jamais aimée, et tu resteras la seule. Grâce à' toi, je suis délivré des fantômes qui m'empoisonnaient l'existence...

L'adage «loin des yeux, loin du cœur» semblait à Sabrina une somme de billevesées ! Cet homme, la hantait. Deux malheureuses minutes dans ses bras avaient ouvert les vantaux à un flot d'émotions délicieuses, inattendues.

Celle que la nature avait dotée d'un teint de pêche s'était à présent ridée. A la fleur de l'âge, Maria Shaw avait été une femme plaisante à regarder. Aujourd'hui, l'amertume marquait ses traits, et ses lèvres n'étaient plus que deux traits minces et durs.

Tel un joueur qui, dans les dernières secondes de sa partie, doit rafler un maximum d'objets s'il veut gagner, elle avait l'intention d'arracher au vieil homme toutes les informations possibles avant qu'il ne la raccompagne jusqu'à la porte d'entrée.

Ensemble, ils redonneraient au manoir une chance d'abriter enfin le bonheur...
Et surtout... elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour que cet homme exceptionnel ne soit pas le dernier de la lignée...