AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tesrathilde


La première fois que j'ai mis le nez dans cet ouvrage, je me suis sentie perdue, lâchée dans un univers étranger et complexe. J'adore les cartes dans les livres, et j'ai jeté un oeil aux contours des régions et aux noms tantôt évocateurs, tantôt obscurément fantasy, mais comme le plus souvent le lecteur non-averti (i.e. qui n'a pas encore commencé l'aventure) ne peut en tirer grand-chose. le prologue m'a laissé une impression de spirale d'informations en tous genres, certaines reliées d'autres non, et d'une foultitude d'inconnues.

Je l'ai repris, car certains livres ne se dévoilent pas facilement, et la plume de Nathalie Dau est enchanteresse même si – ou bien parce que ? – elle ne se laisse pas apprivoiser aussi rapidement que d'autres. Petit à petit j'ai démêlé des bouts d'intrigue qui ont fini par me passionner tout à fait, et arrivée au premier chapitre je me sentais d'appétit pour le plat principal.

L'univers reste finalement relativement classique en termes de Fantasy, concernant des tas de points, pour ce premier tome en tous cas. Si je me sentais un peu confuse au début j'ai fini par glisser sur certains termes ou détails obscurs, attendant l'explication qui ne manquerait pas de venir, et l'histoire et le monde se sont dévoilés petit à petit sans plus d'accroc. Je parle de canon, mais le lecteur averti se dira peut-être que la Fantasy originale à 100% ça n'existe pas, et en même temps n'est-ce pas aussi un des objectifs (inavouables paraît-il), en fait un des axiomes du genre, de pouvoir asseoir le lecteur confortablement au moins ici dans une notion de prophétie, ou là de lui parler d'exil ou de survivant d'un ordre ? Au-delà de ces quelques repères que j'ai donc trouvés tout à fait bienvenus se dégagent quelques axes plus originaux, qui forment le coeur de la narration là où les autres n'en sont que le contexte: l'identité des deux héros, pour commencer – deux frères, l'un adulte l'autre enfant encore, guidés par leur amour et protection mutuels tout autant que par des quêtes à plus grande échelle. J'ai aimé l'alternance entre ce que j'ai envie d'appeler les tranches de vie de l'aîné, Cerdric, pris à la fois dans les rets politiques et personnels de sa mère qui le hait – intéressant personnage antagoniste, au passage, qui met à mal bien des clichés de par sa seule présence – mais aussi dans ses propres tumultes d'adolescent puis de jeune adulte, puis sa relation avec son frère ; et les nombreuses évocations d'ordre magique (ce qu'on appelle le drac dans ce monde), de déesse tutélaire, de ce mystère occulte entourant Ceredawn, le cadet, ses origines et son potentiel futur… On pourrait presque parler de deux niveaux de Fantasy entremêlés.
Les déboires et la vie de Cerdric Asulen, la façon dont Nathalie Dau le raconte du moins, m'a assez fait penser aux séries de Robin Hobb (Assassin royal / Aventuriers de la mer, de ce que j'en ai lu). A titre personnel je ne souhaite pas plus de similitudes : si la narration de la dame américaine me va tout à fait, j'ai abandonné la série de Hobb au tome 11 (sur 13) parce que je n'en pouvais plus de Fitz ! Néanmoins toute la partie résolument magique et mystique du Livre de l'Énigme est elle tout à fait personnelle et passionnante dans son mystère : l'auteure nous en dévoile juste assez pour nous donner envie d'aller plus loin. Peut-être cela en frustrera-t-il certains ; pour ma part j'ai trouvé le ton pertinent : puisque cette Énigme est capitalisée, sans doute faut-il mieux préserver une part d'inconnu pour donner plus d'ampleur et de valeur à son importance.

Je disais plus haut que l'écriture de l'auteure n'était pas toujours facile à appréhender, mais en fait cela dépend principalement du fil narratif qu'elle suit : lorsque l'on est focalisé sur Cerdric, et sa vie à la cour par exemple, si l'écriture est belle elle n'a rien de très compliqué. Cependant les passages concernant les rites, religions, ou bien ceux évoquant les fées ou la magie sont traités avec me semble-t-il un soin tout particulier et surtout spécifique, j'imagine pour apporter une pointe d'irréel supplémentaire à travers les mots et les phrases ? En tous cas c'est ainsi que je l'ai ressenti : on touche au surnaturel, l'incompréhensible, ce qui n'est pas humain, et l'écriture se fait plus alambiquée, poétique, absconse, pour tendre vers cette intensité de l'au-delà.

J'ai hâte de lire la suite car ce premier tome se finit sur autant de questions que de réponses ! Je suis aussi impatiente de retrouver les personnages secondaires car beaucoup m'ont intéressée et intriguée, et je trouve qu'ils sont traités de manière très juste, même quand le lecteur fait des « argh » derrière sa double page. de même l'auteur prend le temps d'insérer ici et là des discours sociaux (tantôt positifs tantôt négatifs selon les points de vue des différents personnages) qui donnent plus de volume et de détails à son univers. En fait j'ai trouvé l'ensemble narratif très limpide autant en termes d'intrigue et de déroulement qu'en termes de rôles des personnages.

Un gros volume en termes de format et de poids, dont les pages recèlent des trésors anciens et cachés. Tout comme Cerdric, le lecteur pourra y apprendre la vertu de la patience, au fil des révélations distillées par Nathalie Dau, au long du cheminement du garçon bréon.
Lien : https://croiseedeschemins.wo..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}