AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Isa0409


Parmi l'immense et vaste jardin que représente la vie, j'ai erré, vagabondé parmi les fleurs, les arbres parmi tout ce que la Nature a pu m'offrir, je n'en ai récolté que le meilleur, ce qu'elle a fait de plus harmonieux à mes yeux à jamais embués de larmes, créant ainsi un bouquet à mon image, un bouquet comme une croix que je porte sur mes épaules, mais un bouquet tuteur aussi, qui me fait avancer, qui me fait continuer quand l'espoir meurt, quand la vie n'est plus que l'ombre d'un coucher de soleil éternel, et ce bouquet, voyez-vous, est flamboyant de vraisemblance à celle que je suis au plus profond de moi, et ce, malgré les regards quelquefois douteux, perplexes, étonnés d'un tel capharnaüm floral. Mon bouquet est le suivant :

- Des acacias, au nom de l'amour platonique ;
- Des tulipes blanches, car j'ai pardonné ;
- Des dahlias, pour toute ma reconnaissance ;
- Des perce-neige, car je crois en de jours meilleurs ;
- du gui, car je triompherai sur cette haine et ces maux qui me détruisent.

Je suis comme amputée de mes membres, je n'ai plus ni ascendance ni descendance, la Vie m'a ôté mère et fille, je me retrouve orpheline et quoi ? Existe-t-il seulement un adjectif pour nommer une personne ayant perdu son seul et unique enfant ?

Alors l'écriture, la littérature, m'abreuver d'elles quitte à m'y noyer ou m'enivrer d'elles, et revoir les fleurs, miracles de vie, éternelles pousses poétiques, tels sont mes piliers.

J'ai pardonné ; à cet homme, d'avoir tué ma mère, à la Justice, de l'avoir libéré, à la vie, de m'avoir brûlée vive ; au corps médical, de n'avoir pas su agir, aux gens, de s'approprier ma peine, ma rage, ma colère, ma haine. J'ai pardonné car le pardon est la seule chose qu'il me reste encore. Je ne m'acharne plus, la vie n'est pas un pas de deux, je refuse son essence binaire, noir/blanc, amour/haine, « bourreau/victime, coupable/innocent, faute/punition ». Car lorsque j'ouvre les yeux, chaque matin, tout est gris, et malgré les années, punir ou juger ne m'a été d'aucun secours ; je parle du « pas de côté, le troisième temps de la valse, celui qui boite un peu. Je parle des fleurs, de la danse, des choses inutiles, floues, minuscule, innommées ».

Sophie Daull signe un roman hors du commun – j'ai découvert sa plume à travers son premier roman, « Camille, mon envolée » et j'ai été émerveillée, bouleversée par l'humour, l'optimisme, l'abnégation de cette femme à qui la vie a tout arraché.

Dans ce deuxième roman témoignage, elle raconte la perte de sa mère, la vie de son meurtrier après sa libération, la sienne aussi, ses deuils et sa manière de les surmonter, et leur étrange rencontre lors de la dédicace de son premier roman, dans la ville presque fantôme de Nogent-le-Rotrou, dans laquelle les souvenirs et le passé ne meurent jamais…
Commenter  J’apprécie          82



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}