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C'est autour d'une ballade livresque que j'ai découvert « Au grand Lavoir » de Sophie Daull.

Je n'ai pas hésité un seul instant à m'en emparer !

Je connais cette auteure depuis quelques années, après avoir lu « Camille, mon envolée » puis « la Suture ».
La compréhension de ce dernier opus est indissociable de ces deux lectures car l'auteure y mêle par fragments fiction et réalité alors je n'en parlerai pas dans les détails car ce serait dévoiler les mystères de ce livre. Cet ouvrage peut aussi être lu indépendamment mais là il y aura un pan de l'histoire qui vous échappera….

Sophie Daull se met dans la peau de cet ex-taulard, qui a purgé 18 ans de prison suite à un viol puis le meurtre de sa victime. Il est maintenant réinséré et est jardinier à la ville de Nogent le Rotrou. Sa vie va basculer un soir devant sa télévision…

La construction de ce livre est particulière, elle est à trois voix, nous écoutons celle de cet employé des espaces
verts, -qui mène une existence relativement tranquille-, celle d'une auteure en tournée pour la promotion de son livre, puis du narrateur pour nous compter la fin de cette histoire.

« j'irai au grand lavoir là-bas, où la mémoire se récure contre le granit rugueux, où la langue se rince au torrent qui mousse comme un savon d'encre, où la fiction fait javel. Je regarderai l'eau crasseuse s'écouler dans une grande synovie de mots et je laisserai sécher les éclaboussures au soleil de la consolation »

Au grand lavoir, c'est la grande lessive c'est décapant…et ça règle les comptes….
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J'ai découvert Sophie Daull avec Camille mon envolée un de ces livres formidables qui serre fortement le coeur, où elle tentait de décrire l'impossible et en d'expliquer l'impuissance et le douleur d'une mère .

Hélas j'ai raté la Suture publié deux ans après dans lequel Sophie Daull recomposait le passé de sa mère disparue depuis 30 ans afin de recoudre une histoire familiale justement déchirée par la mort de Camille, et me suis rattrapé avec son dernier roman Au grand lavoir,qui complète les pièces du puzzle élaboré avec les deux premiers romans

Sophie Daull se met en effet dans la peau celle d'un jardinier à Nogent-Le-Rotrou, ex taulard pour avoir commis un viol et avoir tué sa victime qui n'est autre que la mère de Sophie, héroïne de la suture, la boucle est bouclée, et on est toujours autant bouleversé par la façon dont Sophie Daull parvient à mélanger histoire intime et fiction.

La construction du livre est assez formidable puisqu'on a affaire à un roman à trois voix,celle de cet ex détenu qui mène une existence a priori peinarde, devenu agent docile des espaces verts communaux, celle d'une auteure en tournée pour faire la promotion de son roman, fille de la victime dont la parenté avec Sophie Daull semble évidente ; enfin celle d'un narrateur, une voix off pour nous narrer la fin de cette histoire.

Ce roman bouleverse tant l'écriture de Sophie Daull ausculte avec force et poésie ces relations faites de trouble et d'ambiguïté, et ces dérisoires mais si importantes tentatives d'explications et d'une impossible rédemption et d'un encore moins possible pardon entre la victime indirecte et son bourreau .

Un grand et beau livre de cette rentrée littéraire .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Imaginez !
Imaginez que l'assassin de votre mère sorte de prison après ses dix-huit années de sûreté, peine minimale infligée pour ce crime.
Imaginez que cette libération tombe pendant la promotion de votre premier roman écrit à la suite du décès subit de votre fille.
Imaginez que vous retrouviez sur votre écran télé ce visage d'un homme que vous pensiez condamner aux oubliettes.
Imaginez que cet homme puisse refaire sa vie, retrouver un travail..
Mettez-vous dans la peau de l'ex-tôlard.
Entrez dans la tête d'un criminel repenti qui aspire à vivre dans l'anonymat.
Acceptez de l'accompagner dans ses virées nocturnes.
Vivez avec lui son quotidien d'homme libre.
Imaginez l'improbable rencontre...
Dans la première partie, Sophie Daull est actrice, à deux voix. Tantôt elle, l'auteure, tantôt lui l'ancien détenu.
J'ai retrouvé ce que j'aime chez une autre écrivaine, Angélique Villeneuve, dans les parterres de fleurs de Sophie Daull.
Mais j'ai découvert une violence des mots aussi. Une violence inhabituelle chez elle. On ne fait pas l'amour dans Au grand lavoir, on baise...  c'est cru, choquant peut-être...
Dans la seconde partie elle devient narratrice, elle raconte la suite des événements,  elle observe ses personnages. Elle déroule son récit, de sa magnifique plume, jusqu'à une fin émouvante.
Elle en profite au passage pour s'expliquer, pour répondre aux interrogations, apporter des précisions à ses détracteurs.
Dans les malheurs de Sophie (sans jeu de mots) elle a choisi de vivre et de l'écrire et elle le fait merveilleusement bien.
Notez sur vos tablettes, c'est le 23 août, dans toutes les bonnes librairies 
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Magnifique ! Un livre sur la culpabilité. Celle d'un tueur qui a purgé sa peine, qui végète dans un trou perdu, employé communal, jardinier paysagiste. Et qui, un jour, tombe sur la fille de sa victime à la télévision. Écrivaine, qui passera dédicacer son livre dans sa ville paumée.

Et la parole est aussi donnée à cette femme. Victime, fille de la victime.

Et pourtant… que trois étoiles ? Misère, cela commençait, cela s'annonçait, cela se passait pourtant si bien.

Un peu très beaucoup déçu par la non-fin du livre.
Lien : http://noid.ch/au-grand-lavo..
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Imaginons une jeune femme dont la mère est assassinée. Elle se reconstruit, sans haine. On devine, on sait que ce n'est pas évident. Que le doute doit l'étreindre. La notion de pardon vient vite sur la table. Et celle de faute. Puis celle d'oubli, qui n'est pas synonyme d'indifférence,. Et la question de l'indifférence, qui n'est pas synonyme d'oubli ou de manque d'amour...

Bref, chacun est bien seul face à un tel drame.

Imaginons que cette femme perde sa propre fille. Erreur médicale. Et reviennent sur le carreau les notions de faute, d'oubli, de pardon... Peut-on accorder un pardon à quelqu'un qui ne le demande pas? Sans doute pas. Peut-on se dire pardonné sans l'avoir demandé...? Pas davantage.

Imaginons enfin que ces deux drames,, qui sont arrivés au personnage central du roman, ces deux drames sont ceux qu'a vécu Sophie Daull. Ecrire sur soi. Ecrire sur sa vie. Pour témoigner. Pour exorciser. Pour se vider. le grand lavoir, c'est celui de Sophie Daull, finalement. Et pas seulement celui du personnage central, une auteure qui part en province faire la tournée des librairies pour présenter son roman et expliquer son manque de ressentiment à l'égard du meurtrier de sa mère et de l'infirmière qui a commis l'erreur fatale.

Le hasard... mais ce hasard existe-t-il vraiment, le hasard, donc, vient à mener les pas de cette auteure là où le meurtrier de sa mère vit et travaille. Vont-ils se rencontrer, et que peuvent se dire ces deux êtres qui tentent de laver leur passer. La grande lessive, le kärcher, l'essorrage à 1500 tours... cela suffira-t-il?

On assiste à une mise en abyme entre le récit et la vie de Sopie Daull, avec comme point d'orgue le livre du personnage central. Sophie Daull alterne les points de vue, un coup l'auteure, un coup le meurtrier. Sophie rêve, imagine. La romancière écrit.

Le sujet est grave. Et qui suis-je pour émettre un jugement... Par contre, je n'ai pas pu, pas su, rentrer dans le roman. Trop haché, trop hésitant. On a de longues listes d'adjectifs, sans ponctuations. Des phrases impressionnistes dépourvues de verbe. Ou de sujet. Voire de sens. J'ai eu beaucoup de mal à cerner le meurtrier, entre esthète et camionneur, entre rafinnement et sauvagerie. Je n'y ai pas cru. C'est étrange comme parfois la fiction nous semble plus réelle et crédible que la réalité...

Je me dis qu'écrire sur un sujet si proche de soi, ce n'est pas donné à tout le monde. le recevoir en tant que lecteur, ce n'est pas non plus donné à tout le monde. Quand Ellroy écrit sur sa mère, on le sent aussi moins affirmé, moins cinglant que d'habitude. J'admire Sophie Daull. J'admire James Ellroy. Des personnes qui se relèvent, des personnes qui ne montrent pas de haine, pas de vengeance, pas de désir sombre... Mais le roman ne m'a pas convaincu. Cela dit, Sophie Daull interpelle, elle nous hèle, elle va nous bousculer dans nos certitudes. Elle nous ébranle dans notre vision dichotomique du monde. Les bons et les méchants. le noir et le blanc... Rien que pour cela, je voue une admiration à Sophie Daull (mais pas à son roman, on l'a compris).
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Parmi l'immense et vaste jardin que représente la vie, j'ai erré, vagabondé parmi les fleurs, les arbres parmi tout ce que la Nature a pu m'offrir, je n'en ai récolté que le meilleur, ce qu'elle a fait de plus harmonieux à mes yeux à jamais embués de larmes, créant ainsi un bouquet à mon image, un bouquet comme une croix que je porte sur mes épaules, mais un bouquet tuteur aussi, qui me fait avancer, qui me fait continuer quand l'espoir meurt, quand la vie n'est plus que l'ombre d'un coucher de soleil éternel, et ce bouquet, voyez-vous, est flamboyant de vraisemblance à celle que je suis au plus profond de moi, et ce, malgré les regards quelquefois douteux, perplexes, étonnés d'un tel capharnaüm floral. Mon bouquet est le suivant :

- Des acacias, au nom de l'amour platonique ;
- Des tulipes blanches, car j'ai pardonné ;
- Des dahlias, pour toute ma reconnaissance ;
- Des perce-neige, car je crois en de jours meilleurs ;
- du gui, car je triompherai sur cette haine et ces maux qui me détruisent.

Je suis comme amputée de mes membres, je n'ai plus ni ascendance ni descendance, la Vie m'a ôté mère et fille, je me retrouve orpheline et quoi ? Existe-t-il seulement un adjectif pour nommer une personne ayant perdu son seul et unique enfant ?

Alors l'écriture, la littérature, m'abreuver d'elles quitte à m'y noyer ou m'enivrer d'elles, et revoir les fleurs, miracles de vie, éternelles pousses poétiques, tels sont mes piliers.

J'ai pardonné ; à cet homme, d'avoir tué ma mère, à la Justice, de l'avoir libéré, à la vie, de m'avoir brûlée vive ; au corps médical, de n'avoir pas su agir, aux gens, de s'approprier ma peine, ma rage, ma colère, ma haine. J'ai pardonné car le pardon est la seule chose qu'il me reste encore. Je ne m'acharne plus, la vie n'est pas un pas de deux, je refuse son essence binaire, noir/blanc, amour/haine, « bourreau/victime, coupable/innocent, faute/punition ». Car lorsque j'ouvre les yeux, chaque matin, tout est gris, et malgré les années, punir ou juger ne m'a été d'aucun secours ; je parle du « pas de côté, le troisième temps de la valse, celui qui boite un peu. Je parle des fleurs, de la danse, des choses inutiles, floues, minuscule, innommées ».

Sophie Daull signe un roman hors du commun – j'ai découvert sa plume à travers son premier roman, « Camille, mon envolée » et j'ai été émerveillée, bouleversée par l'humour, l'optimisme, l'abnégation de cette femme à qui la vie a tout arraché.

Dans ce deuxième roman témoignage, elle raconte la perte de sa mère, la vie de son meurtrier après sa libération, la sienne aussi, ses deuils et sa manière de les surmonter, et leur étrange rencontre lors de la dédicace de son premier roman, dans la ville presque fantôme de Nogent-le-Rotrou, dans laquelle les souvenirs et le passé ne meurent jamais…
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Un récit assez atypique, car il s'agit d'une fiction mais tellement imbriquée dans la réalité de la vie de l'auteur que ça devient compliqué de les séparer.
Sophie Daull a perdu deux êtres chers dans sa vie : sa mère, violée et tuée par un homme il y a 30 ans et sa fille, Camille, morte à 16 ans d'une infection fulgurante. Elle écrit pour se reconstruire, pour tenter d'évacuer sa peine.
"Au grand lavoir" se situe dans la petite ville de Nogent le Rotrou, elle décrit cette ville avec beaucoup de rigueur et précision, on s'y croirait. Dans cette ville, travaille un jardinier, il s'agit d'un ancien détenu, c'est lui le meurtrier de la mère de l'auteur. Il a passé une vingtaine d'années en prison et a été libéré pour bonne conduite. Il a payé sa dette à la société, comme on dit. Depuis il se réinsère et mène une vie ordinaire.
Or, une femme écrivain va venir dans quelques jours présenter son nouveau roman dans la librairie de la ville, il s'agit de la fille de la femme qu'il a assassinée.
Le jardinier-assassin est bouleversé et angoissé par cette nouvelle, il se prépare à la rencontre.
Un texte très court sur le pardon, la rédemption, la mémoire des morts.
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Un livre étonnant loin de beaucoup d'idées préconçues auxquelles on pourrait facilement penser, puisque cette écrivaine a choisi de mettre le drame dont elle a été victime au coeur du récit et pourtant il n'y a ni voyeurisme ni détails sensationnels donc racoleurs dans ce roman. D'abord, c'est très bien écrit, j'ai lu le souffle court ce récit ou deux êtres vont finir par se rencontrer, l'une est écrivaine, l'autre est l'assassin de sa mère. Elle se sert de tout son talent pour fouiller la conscience de cet homme, elle le suppose après ses années de prison devenu jardinier à Nogent Rotrou. C'est le personnage principal du roman, que pense-t-il aujourd'hui de l'horreur de son geste ? Est-ce que sa conscience le tourmente ? Ou arrive-t-il à oublier complètement en vivant le quotidien le plus intensément possible ? Cela nous vaut de très beaux passages sur le travail des jardiniers d'une petite ville et une approche réaliste de la vie en province. Et puis il y a la deuxième voix, celle de l'écrivaine qui explique au lecteur qu'elle se donne le droit d'inventer une conscience et une personnalité à celui qui vit quelque part sur terre avec le souvenir de ce qu'il a fait. Il n'y a pas de rancoeurs dans ce roman, sauf une et elle est forte, il existe un reportage qui avait été fait à l'époque sur l'assassin de sa mère. Et les journalistes avaient construit une théorie sur l'homosexualité de l'assassin et en avait fait une sorte de victime de la misère sexuelle. Cela, elle le trouve très injuste et décrit très bien la façon dont les journaliste de télévision font accoucher les gens de propos auxquels ils n'avaient même pas penser. La force du roman, c'est la montée dans l'intensité de la rencontre de ces deux êtres, on est vraiment saisi par ce roman. Je pense que l'écriture aura permis à cette auteure de regarder en face tout ce qui était enfoui au plus profond d'elle même. Quand on sait que cette femme a, aussi, dû vivre la mort tragique de sa fille, le lecteur espère très fort que l'écriture permet de survivre aux plus terribles des souffrances quand on a ce talent : celui d'être écrivaine et à mon goût une excellente écrivaine.
Lien : http://luocine.fr/?p=10273
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Magnifique texte, emouvant sur un sujet commun mais traité d'une manière rare. A lire absolument
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Une histoire qui découle de la vie de l'autrice. Sophie Daull retrace par un récit imaginaire les quelques jours qui se sont écoulés avant qu'elle ne soit confrontée à l'assassin de sa mère, venu la voir en librairie pour la sortie d'un de ses romans. le côté autobiographique est un peu perturbant, mais c'est très courageux de partager ça avec les lecteurs. Entre rédemption et repentance...
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