AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La suture (30)

Puis viendront les jours glaireux, les jours infirmes.
Les jours où la petite fourmi cheminant vaillamment, noir sur blanc, sur la céramique de l'évier, devient le soir, noir sur noir, araignée dans le plafond.
J'ai 9 ans.
p 195
Commenter  J’apprécie          30
Puis viendra le temps des colères et des silences au goût d'amanite.
J'ai 12 ans.
Les foyers français sont équipés à 79% d'appareils de télévision, les voisins ont désormais le leur. Ca fait longtemps qu'on a marché sur la Lune, et Francis et Nicole en explorent douloureusement les cratères !, Une fine suie noire nécrose les dîners où la télé est toujours allumée. La réunion devant le poste n'est plus une communion : le vin de messe est devenu pain quotidien, un bruit de fond. En payant la redevance on achète une digue contre les scènes de ménage. Qui cède souvent.
Commenter  J’apprécie          30
Ma mère avait 26 ans quand je suis née, 45 quand elle est morte, moi 19.
Elle n'a donc jamais connu ma fille, qui est née quand elle en aurait eu 58, j'en avais 32.
Ma fille est morte à 16 ans, quand j'en avais 48, ma mère en aurait eu 74.
Si l'on considère que ces deux disparitions furent, selon la formule consacrée, brutales, qu'elle est la probabilité que ces deux mortes bavardent au ciel ?
Voltigeante arithmétique.
On dirait un énoncé de problème de maths, avec des trains qui déraillent et des robinets qui fuient. Sauf que là, ce sont des vies qui fuient et des destins qui déraillent.

De cette mathématique du fracas et de la perte, je vais poser une équation à deux inconnues : le passé de ma mère, le futur de ma fille. Brouillons éternels. Clairement, ces deux inconnues le resteront pour toujours.

Je vais reprendre le fil générationnel que la mort a trouvé marrant de couper entre ses dents, telle une couturière capricieuse et impatiente, et je vais raccommoder les trous, faufiler des pièces aux coudes et genoux de ce grand squelette prématurément décharné. Je vais les coudre ensemble.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai fermé la porte en emportant l'odeur de son chandail violine tricoté main, un mélange d'eau de Cologne et de fuel frelaté, de point mousse qui ne mousse plus.
Commenter  J’apprécie          30
Dix huit ans plus tard, quand, lycéenne, je demanderai à une vendeuse de cette même librairie s'ils ont Descartes, elle me répondra "non, désolée, on ne fait pas les jeux..." Aujourd'hui c'est une boutique de téléphonie mobile .
Commenter  J’apprécie          20
C'est le temps dragéifié des illusions perdues,
où elle réfugie ce qui lui reste de combat dans son petit corps détraqué, tantôt bonbon, tantôt épave,
mais toujours subtil, nerveux, attractif.
J'ai 19 ans et demi et Francis ne reviens plus.
p199
Commenter  J’apprécie          20
(...) mes belles au bois dormant, couturées siamoises dans mon amour inentamé.
Commenter  J’apprécie          20
Combien prend de lettres le silence des tombes doubles ?
Commenter  J’apprécie          20
De Camille, ses yeux bleus, son amour immodéré du Nutella, son envolée tragique un soir de réveillon, j’ai déjà parlé. C’est un livre maintenant. Un être de papier.

De Nicole, on peut dire qu’on ne sait rien. Les 26 années qui précèdent son mariage, immédiatement suivi de ma naissance, sont plongées dans un grand mystère.
Commenter  J’apprécie          10
Le Central aura un rôle… central dans les années qui vont suivre. C’est là que j’ai révisé mon bac en passant tout mon argent de poche dans la fente du juke-box, c’est là que Nicole a rencontré d’abord son mari, puis son meurtrier, c’est là qu’à mon dernier séjour – Camille était encore vivante – mon verre de blanc m’a été apporté pas un ancien camarade d’école primaire à la silhouette de Lancelot, un autre « petit fiancé », Bruno Malatesta, qui m’avait offert du muguet pendant ma coqueluche. Ca avait bien fait rigoler ma môme. Calvitie et embonpoint maintenant…
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (197) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1721 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}