Citations sur Les questions dangereuses (8)
- Au fait, d'où vient le terme de "mancequetaire", nos joueurs dans ce texte?
- C'est bien sûr une référence au mousquetaire, avec l'intégration de "mancie", emprunté au grec ancien "mantela" pour signifier "divination". Ça a donné toutes les formes de magie: cartomancie, nécromancie, cristallomancie... D'ailleurs, le saviez-vous? La tyromancie est l'art de la divination par le fromage. La raclette, une manière conviviale et calorique de prédire son avenir.
(entretien avec Lionel Davoust par Nicolas Barret)
Au matin, la Meulière refoulait avec rage l'angoisse et l'incompréhension, affichant le bon vivant coutumier du mancequetaire mais, au fond de lui, il commençait à redouter que ne pointassent, à son insu, les premiers symptômes d'une forme de neurasthénie suscitée par les vers déprimants de l'inconnu poète. Pour la tromper, il donna quelques coups de bâton à Piston. Le laquais fit acte de contrition, ce qui plut à la Meulière.
François-René de Spline à Thésard de la Meulière :
« Je vous l’ai dit, vos petits jeux mentaux sont sans effet sur moi! gronda le poète. J’ai contemplé les profondeurs de l’abysse, du doute et de la négation. Oui, messire, je me suis posée les Questions taboues, je les ai affrontées de face, je les ai laissées me consumer, m’engloutir, et je suis revenu du néant! J’ai compris que l’existence n’a aucune signification!
– Peuh, monsieur, vous parlez comme un romantique! » (p. 56)
(entretien)
En fait, en poussant à fond, on pourrait dire que toute littérature imaginaire est une satire, puisqu’elle se permet de traiter des thèmes d’envergure à travers la lentille d’autres mondes. Que la littérature imaginaire est la plus haute forme du discours civilisé. (Je vous l’ai dit : achetez mes livres)
Ah Batz! Clerc, moine – que dis-je, philosophe! – ce sont là les métiers à haut risque, non le nôtre. (P.8)
« Je peux sombrer dans la folie, compter le temps et sombrer en poussière, qui suis-je? » s’écria la Meulière à toute vitesse.
Elle (Fall Leadenweather) n’atteignit jamais son échappatoire. Elle se figea, la main suspendue au-dessus de la poignée, et ses épaules se voutèrent. Elle fit volte-face avec rage.
« Mes rêves, messire. Mes rêves. »
La Meulière resta interdit et bredouilla : « Ce… Faux. C’est : le grain. Ce n’est pas la Réponse que j’attendais.
– Elle est pourtant juste. Voyez mon visage et dites-moi : y lisez-vous une quelconque douleur relative au mensonge ou à l’erreur? » (p. 41)
(entretien)
La littérature n’est pas de la transmission de pensées, c’est de la transmission de sentiments. Tu n’es pas là pour représenter très exactement, pour dicter le moindre détail du film dans ta tête, de ton histoire et de tes personnages, mais pour qu’ils prennent vie dans l’esprit du lecteur ou de la lectrice.
Le lecteur féru d’histoire se rappellera que le XVIIe siècle constituait à tous égards l’âge d’or de la noblesse d’esprit ; en guerre comme dans les rues, l’on se battait et l’on mourrait encore de manière civilisée, la Réponse coincée dans la gorge, un élégant filet de sang coulant par les tympans, la cervelle vidée par une Question assassine.